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Étape questionnaire
Publié le 07/04/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...qvril 2021

Lettre aux Amis du 4 avril 2021

Mon programme de la Semaine sainte : Suivant les prescriptions-restrictions, les processions, étapes essentielles dans la Semaine sainte dans notre liturgie, sont interdites et la présence des fidèles ne dépasse pas les 30% de la capacité de chaque église. - Dimanche des Rameaux, 28 mars, 10h30 : Messe à la cathédrale Saint Etienne de Batroun. - Mardi saint, 30 mars, 17h30 : Prière du soir avec les moniales de Sainte Rafqa.
- Mercredi saint, 31 mars, 18h00 : Messe et rite de la bénédiction de l’huile à Ebrine, église Saint Charbel.
- Jeudi saint, 1er avril : 10h00 : rencontre avec les prêtres du diocèse à l’évêché à Kfarhay, puis Messe concélébrée, puis déjeuner fraternel.
17h00 : Messe à Tannourine, église de l’Assomption. 20h00 : Une heure d’adoration devant le Saint Sacrement à Bejdarfel, église saint Pantéléon, organisée par la Commission de la Pastorale de la Santé, à l’intention de tous les malades, transmise sur Facebook du diocèse et les moyens de communication.
- Vendredi saint, 2 avril, 10h00 : Liturgie de l’adoration de la Sainte Croix et rite de l’ensevelissement de la croix à la cathédrale, Batroun. 20h00 : Récital à Ghouma pour le secteur de la Rencontre et du Dialogue. - Samedi saint, 3 avril, 11h30 : Rite du Pardon à la cathédrale, Batroun. Messe de Minuit à la cathédrale, Batroun. - Dimanche de Pâques, 4 avril, 11h00 : Messe de la Résurrection à l’Evêché à Kfarhay.

Mardi saint 30 mars 2021 A Bkerké, Sa Béatitude le patriarche Raï a reçu une délégation de groupes se revendiquant « souverainistes » et issus du soulèvement populaire du 17 octobre 2019. La délégation présente a affirmé son soutien aux positions du patriarche, notamment sur la neutralité du Liban et sur la tenue d'une conférence internationale pour sauver le pays du Cèdre, saluant dans ses propositions un « nouvel espoir pour le Liban ». La délégation a proposé un programme en trois points pour « libérer le Liban » : 1- L'application de la Constitution et du Pacte national ; 2- L'adhésion aux résolutions 1559, 1680 et 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, prônant notamment le désarmement du Hezbollah ; 3- L'adoption de la neutralité par rapport aux axes régionaux et l'organisation d'une conférence internationale. En réponse à ce programme, Sa Béatitude a déclaré : « Nous voulons une conférence qui permettrait de protéger le Liban d'une mort définitive ». « Le secrétaire général des Nations Unies est inquiet pour le Liban. Il a salué l'idée de l'organisation d'une telle conférence internationale et nous a appelé à en préparer les bases. En outre, la majorité des ambassadeurs des pays arabes que j'ai rencontrés soutiennent la neutralité ».

Sur un autre plan, le ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, poursuit ses pourparlers avec ses homologues européens en vue de brandir la menace de pressions supplémentaires pour un déblocage concernant la formation du gouvernement au Liban. Il a pris contact avec le président de la République M. Michel Aoun, le président de la Chambre M. Nabih Berry et le Premier ministre désigné M. Saad Hariri pour leur dire que « leur responsabilité est partagée dans l’impasse actuelle ». Le communiqué publié en soirée par le ministère français des Affaires étrangères est clair : « L’obstruction délibérée à toute perspective de sortie de crise, en particulier de la part de certains acteurs du système politique libanais, par des demandes inconsidérées et d’un autre temps, doit cesser immédiatement ».

18h00 : Je suis au couvent Saint Joseph de Jrabta avec les moniales de Sainte Rafqa. Je préside la prière du Mardi saint et la procession de la Sainte Croix. C’est une halte spirituelle d’une intense ferveur. L’atmosphère est au recueillement et les chants des moniales nous élèvent vers le ciel, tellement leurs voix nous font songer aux chants d’adoration des anges à Dieu trois fois saint.
Après la Messe, je partage avec les moniales le dîner.

Mercredi saint 31 mars 2021 11h00 : Une délégation iranienne est reçue à Bkerké par Sa Béatitude le patriarche Béchara Raï. Elle est présidée par le secrétaire général du Forum mondial pour la proximité entre les écoles islamiques, le cheikh Hamid Shahrayari, accompagné du chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran à Beyrouth, Hassan Khalil, et d’autres responsables iraniens. Cheikh Shahrayari a déclaré à la sortie : « La discussion a été franche et transparente ». « La nécessité de rester attaché à l’union nationale, est le seul moyen susceptible de préserver la souveraineté du Liban, sa liberté et son indépendance ». « Nous sommes convaincus que le Liban est un pays définitif pour tous ses fils. L’expérience historique contemporaine a montré que quand les Libanais font preuve d’unité nationale, ils peuvent résister à toute agression contre eux. La victoire historique de l’an 2000 n’aurait pas pu être réalisée sans l’union nationale et l’esprit de résistance ».

18h00 : Je suis à A Ebrine pour présider avec le Père Jean-Maroun Moufarrej, curé, la Messe, le « rite de la Lanterne » et la bénédiction de l’huile ; à ne pas confondre avec le rite de la bénédiction des huiles saintes appelées le saint-Myron qui sera célébré demain, lors de la messe chrismale le jeudi saint, par le patriarche à Bkerké.
Ce « rite de la Lanterne », très ancien dans notre Église, consiste à préparer une pâte de farine que l’on submerge de l’huile d’olive et l’on fourre dans la pâte, tout autour, sept mèches qu’on allume au fur et à mesure de la démarche du rite. Tout se déroule à partir de l’évangile du Bon Samaritain (Luc 10, 25-37). Le samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme « tombé aux mains des bandits qui ‘l’ayant dépouillé et roué de coups, s’en allèrent le laissant à moitié mort ». « Il le vit et fit pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin ». C’est avec cette huile, une fois bénie, que le célébrant oindra les fidèles présents et qui la prendront à leur tour chez eux pour oindre les personnes âgées et les malades. Quant à la lanterne, elle symbolise la veille permanente, commandée par Jésus, à l’exemple des « vierges avisées qui avaient pris, avec leurs lanternes de l’huile dans des fioles » (Mt. 25, 4).

Jeudi Saint 1er avril 2021 11h00 : selon une décision prise aux temps de mon prédécesseur S. Exc. Mgr Paul Emile Saadé, nous nous retrouvons - prêtres, diacres et séminaristes du diocèse - le jour du Jeudi saint autour de l’évêque pour renouveler notre engagement dans la grâce du sacerdoce que nous avons reçu par l’Esprit Saint du Christ Jésus dans l’Église par les mains de l’évêque, successeur des Apôtres. Après une rencontre dans le grand salon, j’ai présidé l’eucharistie dans l’ambiance fraternelle qui nous lie à Jésus Christ Bon Pasteur et prêtre éternel. Dans mon homélie que j’avais préparée et distribuée aux présents, j’ai annoncé l’agenda des priorités des années à venir : « … Notre célébration cette année a un goût amer à cause des crises et des drames que nous avons vécus au Liban, en plus de la pandémie du Coronavirus qui est venue s’y ajouter et qui a bouleversé notre train de vie, nos habitudes et nos traditions… Ce qui nous a imposé de revoir notre manière de remplir notre mission et notre ministère presbytéral, nos styles de vie et nos relations, de réorganiser nos agendas et de repenser nos priorités. C’est pourquoi, à partir des priorités pastorales que j’avais établies dès le début de mon épiscopat et de celles parues à travers les travaux du synode diocésain qui se sont prolongés sur six ans, je propose, pour les années à venir, le recentrage des priorités de manière à répondre aux défis que nous affrontons dans notre ministère pour une pastorale qui insiste sur la proximité et la sortie de l’Église vers les périphéries, selon le pape François. Ces priorités sont les suivantes : - La première est le Service de la Charité : La solidarité et la collaboration pour tendre la main à nos frères et sœurs dans le besoin qui, comme la majorité des Libanais, vivent désormais sous le seuil de la pauvreté. Le nombre de familles nécessiteuses dans le diocèse est passé de 674 en janvier à 1004 le 28 mars. Nous soutenons ces familles à travers la commission diocésaine du Service de la Charité et la Caisse sociale diocésaine grâce à la générosité de diocésains au Liban et à l’étranger et un bon nombre d’amis en France et en Italie, de diocèses comme celui de Saint-Étienne avec qui nous sommes en jumelage, et à des associations caritatives comme l’Œuvre d’Orient et bien d’autres. - La deuxième est la Famille : Sa Sainteté le pape François a annoncé une année pour la Famille pour « appeler à redécouvrir la valeur éducative de la cellule familiale qui doit être fondée sur l’amour qui régénère toujours les relations en ouvrant des horizons d’espérance ». Nous apprécions fortement les efforts déployés par la Commission diocésaine de la Famille pour soutenir nos familles, nos fiancés et nos jeunes mariés, mais aussi assurer une proximité aux familles qui connaissent des situations de crise à travers le centre d’écoute et de réconciliation et la commission diocésaine d’accompagnement. - La troisième porte sur les jeunes et les séminaristes : Ils sont l’avenir de la patrie et de l’Église et leur espérance d’avenir et méritent tout notre intérêt. Nous rendons grâce au Seigneur pour nos jeunes de Batroun qui sont engagés dans les mouvements d’Église, dans les paroisses et dans les associations caritatives. Ils rendent un service inégalé à la société et à l’Église avec amour et dévouement partant de leur foi et de leur courage à affronter tous les défis. Leurs activités sont coordonnées par la Commission diocésaine des Jeunes. Notre souci reste cependant celui des jeunes qui se sont éloignés de l’Église. Il faudra aller les rejoindre là où ils vivent. Ce que nous essayons de faire. Mais les uns et les autres subissent les mêmes drames au Liban, tels le chômage, la pauvreté, le manque de possibilités pour suivre des études scolaires ou universitaires, l’horizon bloqué devant leurs attentes … Ils songent à émigrer à la recherche d’une vie digne ailleurs. Ils ont soif et faim d’approfondir leur foi et leur appartenance ecclésiale et nationale et réclament des aumôniers. Ce qui nous pousse à sensibiliser des jeunes à devenir séminaristes et à les former selon les besoins des temps actuels. Nous remarquons pourtant une hésitation, même chez nos jeunes les plus engagés, à prendre la décision de dire oui au Seigneur dans le sacerdoce, comme d’ailleurs une hésitation à prendre la décision du mariage. Notre diocèse de Batroun, jadis très généreux en vocations pour avoir donné des prêtres et des religieux à tous les diocèses maronites, n’a qu’un seul séminariste aujourd’hui et cinq diacres, un permanent et quatre en attente d’ordination presbytérale. Notre responsabilité, nous autres, évêque et prêtres, est grande et grave. Il est de notre devoir de témoigner, dans notre vie sacerdotale simple, pauvre et dévouée au service, de la joie et de l’espérance d’être avec Jésus Christ pour attirer les jeunes vers le Christ.
- La quatrième porte sur la catéchèse, l’enseignement et la formation permanente : Notre peuple et nos jeunes en particulier ont soif d’approfondir leur foi à travers une catéchèse chrétienne qui part de la Parole de Dieu d’abord, des enseignements de l’Église ensuite, et du patrimoine de notre Église antiochienne syriaque maronite en troisième lieu. Ils réclament un ressourcement spirituel et biblique. Notre responsabilité, nous autres prêtres, est grande et nous devons enseigneur notre peuple à travers nos homélies bien préparées et loin de la politique, nos veillées bibliques et nos rencontres spirituelles. Nous avons à rouvrir l’Institut de formation religieuse dans le diocèse et les prêtres et laïcs qualifiés pour l’animer ne manquent, Dieu merci.
En conclusion, j’invite mes frères et sœurs les prêtres, les religieux, les religieuses et les laïcs engagés dans la pastorale diocésaine réunir nos efforts pour mettre ces priorités en exécution et créer des initiatives créatrices, chacun dans son domaine, qui répondent aux besoins et aspirations de notre peuple et de nos diocésains. Nous appliquerons ainsi les recommandations décidées lors de notre Synode diocésain en rappelant sa devise : « Sur les pas de nos saints, nous nous renouvelons et nous sommes sanctifiés par le Christ Jésus ».

18h00 : J’ai présidé la Messe du Jeudi saint à Tannourine avec Mgr Pierre Tanios, curé et vicaire général, le Père Marcelino Assal, vicaire, et le diacre Edgard Harb (qui sera ordonné prêtre le 16 mai 2021). Là aussi les fidèles sont présents nombreux pour fêter ce jour tout en regrettant ne pas participer au rite du Lavement des pieds, interdit à cause du Coronavirus. 20h30 : Je suis à Bejdarfel pour prendre part à une heure d’adoration devant le Saint Sacrement animée par la Commission diocésaine de la Pastorale de la Santé présidée par le Père Charbel Khachan, en présence du curé Père Boutros Farah. Le thème de méditation est puisé dans l’évangile de Matthieu 26, 36-46 où Jésus, arrivé à Gethsémani, dit à ses disciples : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi ». Il s’éloigna pour prier. Puis « il vient vers eux et les trouve en train de dormir ; il dit à Pierre : ainsi vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L’esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible ». Une fois encore, c’est le thème de la veille avec Jésus dans les tribulations. A notre surprise et malgré les restrictions du confinement, l’église est pleine de jeunes venus prier et méditer à partir de leurs situations catastrophiques et sans issues. Pourtant ils laissent entrevoir leur espérance avec Jésus qui a bu la coupe des souffrances et de la mort mais qui l’a vaincue par la résurrection et la promesse de la Vie nouvelle pour tous ceux qui croiront en Lui.

Vendredi Saint 2 avril 2021 10h00 : Je préside, à la cathédrale à Batroun, le rite de l’adoration de la Sainte Croix et l’office de la sainte sépulture avec Père Pierre Saab, curé, Père François Harb, vicaire, et le diacre Johnny Tannous (qui sera ordonné prêtre le 1er mai 2021). La cathédrale est pleine de fidèles, malgré les restrictions du confinement. Ils ont soif et faim de la Parole de Dieu et de célébrer les rites de la Semaine sainte. Après les lectures des prophètes qui annoncent la venue du Messie, des Actes des Apôtres, des épîtres et le récit de la Passion dans les quatre évangiles qui témoignent de la mort et de la résurrection de Jésus Fils de Dieu, nous avons célébré le rite de la descente du crucifié de la croix et sa déposition dans un cercueil. Un rite apporté dans l’Église maronite par des Frères Franciscains au XIV° siècle et qui impressionne toujours les fidèles. La procession avec le cercueil n’a pas eu lieu, comme d’habitude, en dehors de l’église, à cause des mesures de restriction pour le Coronavirus. On passe immédiatement à la mise au tombeau préparé à l’avance à gauche du Maître Autel, à la désolation des fidèles. Mais la cathédrale restera ouverte toute la journée pour permettre aux fidèles de venir se recueillir devant le tombeau de Jésus et déposer toutes leurs intentions de prières. L’homélie que j’ai prononcée a pour titre : « Jésus meurt sur la croix en aimant et en pardonnant ! ». « Jésus sur la croix a aimé les siens qui sont dans le monde jusqu’à l’extrême (Jean 13,1). Il a pardonné à ceux qui le crucifiaient : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 34). Sommes-nous capables aujourd’hui, dans notre situation catastrophique, de témoigner de cet amour ? Regardons Jésus crucifié aujourd’hui sous nos yeux avec des milliers de nos concitoyens : les malades du Coronavirus et d’autres maladies mortelles, les souffrants, les exclus, les opprimés, les sans dignité, les pauvres, les affamés pour un pain, les victimes des guerres et des explosions, les expatriés, mais aussi les malfaiteurs et les oppresseurs à droite et à gauche ! Et disons avec le Centurion : Vraiment Tu es Fils de Dieu ! (Marc 15,39). Vraiment Tu nous aimes et tu nous montres combien nous sommes aimés par le Père ! Donne-nous, Seigneur Jésus, de témoigner de cet amour pour que notre vie se transforme en un engagement d’amour pour Dieu et pour le prochain ! Aide-nous, Seigneur Jésus, pour que chacun de nous devienne une énergie d’amour au service de notre prochain, de tout homme en besoin de liberté et de dignité !

Samedi saint, 3 avril 2021 9h30 : Je suis à Bkerké, avec d’autres évêques, auprès de Sa Béatitude le Patriarche Raï qui communique son Message de Pâques à la presse et à tous les Médias qui le diffusent en direct. Il commence par affirmer que « la Résurrection du Christ est l’essence de notre foi chrétienne. Le Christ est mort pour racheter les péchés de chaque homme et les péchés de l’humanité ; il est ressuscité pour nous obtenir le fruit de la Rédemption : la Vie nouvelle par l’Esprit Saint ». Il passe ensuite à décrypter la situation du pays : « Comme il nous est douloureux de voir la classe au pouvoir et ceux qui l'entourent manipuler le sort de la patrie, de son peuple, de sa terre, de sa dignité ! (...) Il est encore plus douloureux de voir que certains d'entre eux s'accrochent à une loyauté envers un autre pays que le Liban, aux dépens de la nation et des Libanais ! Que peut-on dire de ceux qui bloquent intentionnellement la formation du gouvernement et paralysent l'État, pour faire croire au peuple que le problème est dans la Constitution, alors que la Constitution est la solution ? Le problème vient de leurs comportements politiques et nationaux. Il est désormais clair que nous sommes face à un plan qui vise à changer le Liban, son système, son identité, sa formule et ses traditions. Il y a des parties qui adoptent une méthode de démolition des institutions constitutionnelles, financières, de l'armée et de la justice. Il y a des parties qui choisissent de créer des problèmes et d'empêcher les solutions. Que tout le monde le sache que la vie de la nation n'est pas celle des quotas. C'est l'intégration de valeurs, la rencontre de volontés et un profit commun. Les droits des confessions et leurs quotas s'évanouissent devant les droits des citoyens à la sécurité, à la nourriture, à l'éducation, à la santé, au travail, à la prospérité et à la paix. Partant de ces principes civilisationnels, humanitaires et nationaux, nous avons lancé les projets de la neutralité du Liban et de la tenue d'une conférence internationale pour sauver le pays. Un Liban neutre est un Liban de stabilité et de paix. Quant au Liban partial, c'est le Liban de la tourmente et de la guerre. Nous voulons la paix, pas la guerre. La neutralité est dans l'intérêt de tous et peut sauver tout le monde. Quant à la conférence internationale, elle donnera au Liban une nouvelle vie en stabilisant son entité, ses frontières internationales, en renouvelant le partenariat national, en renforçant sa souveraineté, son indépendance et son armée. Les Nations Unies et nos amis arabes et internationaux sont prêts à discuter de cette proposition car ils souhaitent aider le Liban à rester un pays libre et privilégié dans cet Orient ». « En toute charité, je dis à tous ceux qui sont à l'origine de l'échec de la formation du gouvernement et de ses conséquences financières, économiques, monétaires et sociales : Arrêtez les abus ! Arrêtez les comportements égoïstes et autoritaires ! Arrêtez de sacrifier le Liban et les Libanais pour le bien d'autres peuples, d’autres causes et d’autres pays ! Arrêtez les interprétations personnelles de la Constitution et les hérésies dans l'interprétation du Pacte national. Libérez la prise de décision et le peuple libanais ! ». « La Résurrection du Christ a fait de nous les fils et les filles de la Résurrection. Elle a allumé dans nos cœurs la flamme de l’espérance qui ne s’éteint pas. C’est le cas de nos nouvelles générations et des Libanais libres qui ont allumé la flamme de la révolution civilisée qui essaient d’édifier un Etat libre et fort de ses droits, ouvert aux relations arabes et internationales et à la fraternité humaine intégrale ».

16h00 : Le Président de la République, le général Michel Aoun, est reçu par Sa Béatitude le Patriarche Raï. Une visite surprise mais elle est placée dans le contexte des félicitations de Pâques. Le Président de la République devait être attendu demain, selon la tradition, dimanche de Pâques, à Bkerké pour participer à la Messe et avoir un tête-à-tête avec le patriarche. A sa sortie après un entretien d’une heure avec le patriarche, le président Aoun a déclaré : « Nous sommes venus féliciter le patriarche à l'occasion de la fête de Pâques et lui souhaiter, ainsi qu'au peuple, que le Liban sorte du tunnel sombre dans lequel il se trouve", a annoncé Michel Aoun à l'issue de l'entretien qui a duré environ une heure. "Nous espérons également que la fête de Pâques sera plus joyeuse l'année prochaine, grâce aux efforts des responsables et de la population, car il ne peut y avoir de responsables s'il n'y a pas de population. Le pouvoir central est aux mains du peuple libanais ». Interrogé ensuite par les journalistes sur une possible formation du gouvernement la semaine prochaine, le président Aoun a répété : « Attendons que le Premier ministre désigné rentre au Liban ». Prié de dire si tous les obstacles à la formation du gouvernement ont été surmontés, il a répondu par la négative : « Non, les obstacles se succèdent. À chaque fois qu'on surmonte un obstacle, un autre apparaît. Mais je suis toujours optimiste ». Aux journalistes qui lui ont demandé s'il était d'accord avec les efforts entrepris par le patriarche maronite pour faciliter la mise sur pied du cabinet, le chef de l'État a répondu : « À la base, c'est le patriarche qui est le premier facilitateur ».

Minuit : J’ai présidé la Messe de la Résurrection et du rite de la Paix à la cathédrale à Batroun pleine de fidèles presque comme les beaux jours, mais portant leurs masques pour éviter les contaminations. Tous prennent part aux chants et aux prières dans un recueillement exemplaire. Ils sont enthousiastes de voir le célébrant enlever la Croix du tombeau et la porter en procession dans la cathédrale, symbole de notre résurrection certaine avec le Christ.

Dimanche de la Résurrection 4 avril 2021
Dimanche de Pâques, du passage de la mort à la vie 11h00 : J’ai présidé la Messe de la Résurrection à l’Evêché avec un nombre accru de fidèles venus partager la célébration de notre espérance en une résurrection prochaine avec le Christ pour le peuple libanais et pour le Liban. Mon homélie pour ce Dimanche a pour titre : « pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Luc 24, 5). Par sa mort et sa résurrection, Jésus a bouleversé la logique des hommes. Il a anéanti la peur des cœurs des fidèles et transformé la mort en vie et la vie en mort ! Les vivants en morts et les morts en vivants ! « Dans la crainte qu’ils en eurent, les gardes furent bouleversés et devinrent comme morts » (Mt. 28, 4). Et les morts en Jésus Christ devinrent des vivants pour l’éternité avec Jésus qui a vaincu la mort par la Vie. C’est le mystère de l’amour incarné par Jésus Christ Fils de Dieu dans l’humanité et pour elle. C’est le mystère de la vie et de la mort. Le mystère de l’Amour offert pour racheter l’humanité ! C’est notre espérance, nous Libanais, en Jésus Christ pour une résurrection certaine et prochaine à une Vie nouvelle qui aura le dernier mot sur nos catastrophes et notre « chute en enfer ». Jésus qui est descendu aux enfers après sa résurrection nous portera avec Lui vers le Père, son Père et notre Père, et nous sauvera. C’est notre foi. Nous la proclamons à haute voix. Et nous disons : Christ est ressuscité; Il est vraiment ressuscité, et nous en sommes témoins !

A signaler en ce dimanche le Message de Pâques de Sa Sainteté le pape François dans la traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi depuis la basilique Saint-Pierre à midi, consacrée aux plus vulnérables, les malades souffrant du Covid-19, les migrants, les personnes précipitées dans la précarité par la pandémie, et les populations victimes des guerres en Syrie, au Yémen, en Libye et en Afrique. Il a notamment prié pour le peuple libanais :
« Que la lumière du Ressuscité soit source de renaissance pour les migrants fuyant la guerre et la misère. Je remercie les pays qui accueillent avec générosité ceux qui souffrent et cherchent refuge, en particulier le Liban et la Jordanie qui accueillent de très nombreux réfugiés ayant fui le conflit syrien. Que le peuple libanais, qui traverse une période de difficultés et d’incertitudes, fasse l’expérience de la consolation du Seigneur ressuscité et soit soutenu par la communauté internationale dans sa vocation d’être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme ». Je suis surpris et heureux de retrouver le thème de mon homélie dans les paroles de sa Sainteté le Pape François qui a terminé son Message ainsi : « A la lumière du Ressuscité, nos souffrances sont transfigurées. Là où il y avait mort, il y a maintenant vie, là où il y avait deuil, il y a maintenant consolation ».

Père Mounir Khairallah + Évêque de Batroun

Publié le 29/03/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...21 mars 2021

Lettre aux Amis du 28 mars 2021

Lundi 22 mars 2021 Veille de la fête de Sainte Rafqa Je suis dans l’après-midi au couvent de Saint Joseph des moniales de l’Ordre Libanais Maronite pour fêter, comme tous les ans, Sainte Rafqa, et cette année malheureusement sans la participation des fidèles, confinement et pandémie du Coronavirus obligent. Après une rencontre avec les moniales, j’ai présidé, à 17h30, la prière liturgique de la veille de la fête. A 18h30, j’ai dîné avec elles ; et à 19h30, j’ai présidé le rite de la bénédiction de la terre prélevée sur la tombe de Sainte Rafqa en vue de la distribuer aux fidèles par la suite. Les prières et les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que celles des épisodes de la vie de Sainte Rafqa, nous invitent à méditer sur l’Amour de Dieu envers l’homme en nous ramenant tout d’abord aux premiers jours de la création, lorsque « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa » (Gn. 1, 27). « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn. 2,7).
Une invitation à méditer ensuite la guérison de l’aveugle-né de Jérusalem : « Ni lui ni ses parents ont péché, dit Jésus, mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui… Puis Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l’appliqua sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : va te laver à la piscine de Siloé. L’aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait » (Jean 9, 3-7). Et à méditer enfin certains épisodes du cheminement de Sainte Rafqa portant les souffrances avec Jésus et les miracles obtenus par son intercession par le moyen de la terre prise sur sa tombe depuis sa mort en 1914 jusqu’à aujourd’hui. Le premier miracle eut lieu avec la supérieure, Mère Ursula Doumit, peu après la mort de Rafqa par le moyen de la terre de sa tombe. Et le dernier en date eut lieu, fort probable, avec moi. Là, je témoigne de ce que j’ai vécu quand le Coronavirus m’a visité et a empiré mon allergie respiratoire attaquant les poumons en provoquant la malicieuse toux qui a failli m’étrangler le jeudi 25 février (jour anniversaire de mon ordination épiscopale). Je me suis adressé à Sainte Rafqa, ma patronne et ma voisine de maison, et j’ai pris de la terre de sa tombe, je l’ai diluée dans l’eau et j’en ai bu ; la toux s’est arrêtée dix minutes plus tard. Entré à l’hôpital, la radio a montré que les poumons étaient enflammés à 45% ; mais Dr Edouard Elias m’a rassuré que Sainte Rafqa a obtenu de la miséricorde de Dieu le Père ma guérison. Tout cela pour que les œuvres de Dieu se manifestent en chacun de nous et que nous puissions Lui rendre gloire. La terre n’est qu’un moyen que Dieu utilise pour nous guérir par l’intercession de Sainte Rafqa. Oui, je suis le dernier et vivant témoin – et non l’ultime – des grâces demandées et obtenues par sainte Rafqa. Nous avons terminé le rite par la procession jusqu’à l’ancienne et première tombe de Sainte Rafqa dans le cimetière où j’ai donné la bénédiction finale.

15h35 : Le rendez-vous tant attendu a déçu les Libanais ! Le Premier ministre désigné M. Saad Hariri vient de sortir de chez le Président de la République Michel Aoun, après leur 18ème rencontre de vingt minutes, visiblement énervé sans laisser le moindre espoir d’une nouvelle rencontre ! Le tissu du nouveau gouvernement déjà déchiré n’aura personne pour le recoudre ! S'adressant à la presse, M. Hariri a déclaré :
« J’ai reçu la veille, de la part de la Présidence, une mouture complète d'un cabinet avec une répartition confessionnelle et partisane des ministères dans des gouvernements de 18, 20 ou 22 ministres, à laquelle il m’était demandé d'ajouter des noms. Cette proposition accorde le tiers de blocage à la formation politique du président de la République. Cette liste est inacceptable. Le travail du Premier ministre n'est pas juste de compléter un document qui lui a été envoyé. La Constitution stipule clairement que le Premier ministre désigné forme son gouvernement et donne les noms avant de les discuter avec le président ». « Mon objectif est unique : mettre un terme à l'effondrement et aux souffrances des Libanais. J'ai donc demandé au président d'écouter ces souffrances et de donner une dernière chance au pays pour que soit formé un gouvernement de technocrates qui puissent mettre en œuvre les réformes, sans obstruction et sans considérations partisanes étroites. J’avais remis au président Aoun la même mouture que celle que je lui avais déjà présentée en décembre, il y a plus de cent jours. Je lui ai dit que je suis toujours prêt à y apporter des changements ou à écouter ses propositions concernant les noms et les portefeuilles. J'ai même facilité les choses pour trouver une solution face à son obstination à obtenir le ministère de l'Intérieur. Mais malheureusement, sa réponse était claire : il veut le tiers de blocage. En attendant, et puisque le président avait dit dans son dernier discours que la liste que je lui avais présentée est incomplète, je partage avec vous cette mouture complète, que je lui ai présentée le 9 décembre 2020 et je laisse l'opinion publique juger ». Refusant de répondre aux questions de la presse, il a immédiatement quitté les lieux. Un communiqué de la présidence de la République a été publié peu après, précisant que :
« Le président de la République a été surpris par les paroles et les moyens employés par le Premier ministre désigné. Le chef de l'Etat s'est posé en défenseur de la Constitution et du Pacte national. Il a adressé au Premier ministre désigné un document indiquant seulement la méthodologie de formation du cabinet et comprenant quatre piliers, qui sont un cabinet de 18, 19 ou 20 ministres ; la répartition des portefeuilles sur les confessions, conformément au texte de l'article 95 de la Constitution ; la référence pour la nomination de chaque ministre, après que le Premier Ministre désigné ait dévoilé dans sa mouture que certains partis ont nommé leurs ministres ; les noms des ministres après accord sur leur confession et leur référence. Cette méthodologie est bien connue du Premier ministre désigné, lequel a déjà formé deux gouvernements sur cette base ». La conséquence immédiate à ce « divorce » entre les deux présidents se traduit par la chute vertigineuse de la valeur de la livre libanaise et la hausse du dollar qui est passé de 10.800 L.L. à 14.200 L.L. ! D’ailleurs la Livre Libanaise a perdu en un an 90% de sa valeur et l’économie du pays a perdu 26% !!!

D’un autre côté, on signale que le ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves le Drian a déclaré à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues de l'Union Européenne : « Le Liban est dans la dérive, ce pays est en train de dévisser. On sait que les solutions existent. Il faut un gouvernement qui soit un gouvernement inclusif, opérationnel, un gouvernement d'action et il faut des réformes. On sait que les réformes sont tout à fait partagées par l'ensemble de la communauté internationale. Tout le monde sait ce qu'il faut faire, mais c'est bloqué pour des intérêts particuliers, parce que les responsables politiques n'arrivent pas à engager le processus. L'Europe ne peut pas se désintéresser de cette crise. Quand un pays s'effondre, l'Europe doit être au rendez-vous. Je veux que l'on puisse échanger ensemble sur les leviers qui nous permettraient de faire pression auprès des autorités libanaises, pour qu'elles bougent, parce que la population libanaise est aujourd'hui dans l'angoisse et le désarroi ».

Jeudi 25 mars 2021 Fête de l’Annonciation 11h00 : Nous sommes tous, les évêques maronites du Liban, à Bkerké autour de Sa Béatitude le Patriarche Cardinal Béchara Raï qui fête le dixième anniversaire de son intronisation patriarcale et sa fête patronale de N.D. de l’Annonciation. Sa Béatitude a présidé la Messe en présence également du Nonce apostolique S. Exc. Mgr Joseph Spiteri. Dans son homélie, il a rendu grâce au Seigneur pour les dix années de son patriarcat sous le patronage de N.D. de l’Annonciation et suivant la devise « Communion et charité ». Il a appelé le Premier ministre désigné, M. Saad Hariri, et le chef de l'Etat, le général Michel Aoun, à reprendre les pourparlers pour la formation du gouvernement alors que le pays traverse une crise économique et sociale d’une ampleur inégalée. Il leur a demandé de « se consulter dans un esprit sincère et national, jusqu'à ce qu'ils s'accordent sur de nouveaux noms et répartissent les portefeuilles équitablement, en respectant la Constitution et le Pacte national de 1943 ». « La crise politique et ses répercussions économiques et sociales s'aggravent de plus en plus. Nous n'aurions jamais imaginé que le Liban, phare de l'Orient, connaîtrait un tel niveau de déclin. Nous n'aurions jamais imaginé que les décisions et les prérogatives du pouvoir seraient dénuées de légitimité et que le pays deviendrait l'otage du jeu des axes régionaux. Nous n'aurions pas imaginé que l'État échouerait à former un gouvernement, cent ans après sa création ». « Nous sommes déterminés à poursuivre la marche pour sauver le Liban et les Libanais - tous les Libanais - et nous ne désespérerons pas ». « Le Liban en tant qu'État civil est pour tous les chrétiens et les musulmans libanais. Sa préservation est une responsabilité collective à laquelle participent toutes les composantes libanaises, signe de notre conviction absolue en l’unité, l’identité et le rôle du Liban en Orient et dans le monde ».
A la fin de la Messe, Mgr Spiteri a lu le message de félicitations de Sa Sainteté le pape François à Sa Béatitude : « Je vous adresse avec plaisir mes félicitations ainsi que mes vœux chaleureux et mes prières à l’occasion de la fête de votre sainte patronne, Notre Dame de l’Annonciation. Je partage également votre joie et votre action de grâces. Je demande au Dieu de la miséricorde de vous accorder de son pouvoir pour accomplir les tâches de votre mandat épiscopal au service de votre patriarcat et de l’Église universelle, en particulier pendant cette période incertaine imposée par l’épidémie, demandant l’intercession et la protection de la Vierge Marie. Du fond du cœur et avec une grande affection, je vous accorde la bénédiction apostolique que je donne avec grande dévotion. » Après la Messe nous nous sommes retrouvés à déjeuner à la table de Sa Béatitude. Vers la fin du déjeuner, à 14h25, Sa Béatitude s’excuse pour quelques instants et se retire. Lorsqu’il est revenu, nous avons su qu’il a eu un appel téléphonique du Président de la République Michel Aoun pour le féliciter ; une occasion pour Sa Béatitude de lui rappeler sa responsabilité de faciliter la formation du gouvernement. Vers 18h00, M. Saad Hariri est à Bkerké invité par le Patriarche Raï à dîner, comme il a déclaré lui-même. Ils ont discuté, avant et après le dîner, de la formation du gouvernement et de la responsabilité qui incombe à chacun. Sa Béatitude cherche toujours à rapprocher les points de vue entre M. Hariri et le président Aoun. A signaler que mardi 23 mars, Sa Béatitude avait pris contact avec le secrétaire général des Nations unies M. Antonio Guterres. Lors de cet appel, M. Guterres a exprimé « sa grande préoccupation » et rappelé « l’importance de la formation rapide d’un gouvernement et de ne pas entraîner le pays dans des conflits ». De son côté, le patriarche a dénoncé « l’incapacité des dirigeants de se retrouver ensemble pour se mettre d’accord sur un projet de sauvetage, alors que la faim et la pauvreté se répandent et que la monnaie nationale s’écroule et pousse le pays vers un effondrement total ». « Les Libanais, a ajouté Sa Béatitude, attendent que l’ONU joue un rôle de premier plan face à cette accumulation de crises ; ce qui nous a poussé à demander la neutralité et l’organisation d’une conférence internationale sur le Liban ».

18h30 : Les trois Équipes Notre-Dame de la paroisse de Batroun, que j’avais fondées en 1992, se retrouvent chez moi à l’Evêché à Kfarhay pour une halte spirituelle. Après une prière et un tour de méditations spontanées sur notre rôle et notre mission en tant que familles END face aux crises cumulées du Liban et de la pandémie du Corona. J’ai présidé ensuite l’Eucharistie, préparée par les couples, avec les Pères Pierre Saab et François Harb, leurs conseillers.
Après la Messe, nous nous sommes réunis autour d’un dîner familial à l’évêché. C’était une rencontre dans la joie des retrouvailles après une absence dictée par la situation critique dans le pays et la pandémie du Corona.

Vendredi 26 mars 2021 L'état de mobilisation générale prolongé jusqu'à fin septembre ! Le comité interministériel chargé de lutter contre la pandémie de coronavirus a décidé, sur base de recommandations du Conseil supérieur de défense réuni avant-midi à Baabda présidé par le président de la République, de prolonger l’état de mobilisation générale pour six mois, jusqu’au 30 septembre, et d'appliquer un « confinement total » du Liban pendant trois jours à l'occasion de la fête de Pâques chez les Églises catholiques, du 3 au 6 avril « afin d'éviter les rassemblements familiaux dans les maisons ». Des mesures similaires seraient prises pour les célébrations de Pâques par les Églises orthodoxes qui fêteront Pâques le dimanche 2 mai et de la fête du Fitr pour les communautés musulmanes célébrée un mois plus tard au terme du mois de ramadan qui commencera, cette année, vers le 13 avril 2021.

16h00 : J’avais pris Rendez-vous à Bkerké avec Sa Béatitude le Patriarche Raï pour la journaliste Raghida Dargham, Correspondante et chef de bureau à New York depuis 40 ans, d’abord pour le journal An Nahar international, puis la revue Al Hawadeth, et les dernières 28 années du journal Al Hayat international et la chaîne de télévision LBCI.
Madame Dargham est originaire de Rachaya, dans la Békaa Ouest. Elle est revenue dernièrement au Liban pour s’y installer dans un appartement d’un nouveau building face au port de Beyrouth. Mais comme elle voulait un chalet sur la mer dans une région calme, on lui avait conseillé de venir à Batroun, terre de sainteté et de tranquillité. Elle avait deux souhaits : le premier était celui de venir remercier Saint Maroun et se faire bénir par lui, « car c’est mon patron, dit-elle, moi qui est druze ». Elle est venue à Kfarhay, à l’évêché, siège du premier patriarche et fondateur de l’Église maronite Saint Jean-Maroun, où nous conservons la relique de Saint Maroun. C’est là où je l’ai guidée pour sa première visite. Elle m’a raconté que le 4 août elle a eu une inspiration de Saint Maroun pour se rendre dans son chalet à Batroun s’occuper à préparer le chalet qu’elle a loué pour sa fille qui devait arriver de Londres le 8 août. La double explosion survenue ce jour-là au port de Beyrouth a soufflé complètement son appartement et tout l’immeuble de Beyrouth. Je l’ai bénie sur sa demande, et je l’ai invitée à déjeuner à l’évêché, la maison de tous les Libanais. Le deuxième souhait était celui de rencontrer Sa Béatitude le Patriarche Raï. Je lui ai pris tout de suite un rendez-vous. Sa Béatitude nous a accueillis, Madame Dargham et moi-même, à cœur ouvert au grand salon du patriarcat. Elle s’est présentée au patriarche en lui racontant son cheminement et sa longue expérience au service du Liban. Elle a ajouté qu’elle est venue, non en sa qualité officielle de journaliste pour une interview, mais en tant que libanaise qui apprécie les démarches du patriarche pour sauver le Liban dans cette période très critique de son histoire alors que les hommes politiques ne réussissent pas à s’entendre ni à entendre la voix du patriarche. « Je voudrais vous écouter Béatitude, a-t-elle dit, au sujet de votre projet de neutralité positive et active du Liban et de votre appel à l’organisation d’une conférence internationale sur le Liban sous l’égide des Nations-Unies ». Elle a écouté attentivement les explications de Sa Béatitude, puis elle a échangé avec lui des points de vue qu’elle avait notés à partir de sa longue expérience de plus de quarante ans aux Nations Unies à New York et à Washington, soulignant surtout la nécessité de mettre sur pied une feuille de route avec des propositions concrètes et de nommer des délégués pour suivre de très près les démarches à prendre. C’est ainsi qu’il faudra procéder afin d’obtenir ce que nous voulons auprès des capitales de décision, à commencer par le Vatican, puis par Paris, pour finir à Washington. Sa Béatitude lui a demandé de lui présenter au plus tôt un document soulignant ces points importants qu’elle a énoncés. Le rendez-vous, qui était prévu pour une vingtaine de minutes, s’est prolongé sur trois quarts d’heure, et nous avons quitté Sa Béatitude à contre cœur. A la sortie, les membres du bureau de presse du Patriarcat ont voulu s’arrêter avec Madame Dargham pour écouter ses points de vue sur la situation du Liban et son impression après la rencontre avec le Patriarche Raï. Ils lui ont fait visiter ensuite la chapelle de Saint Maroun et le musée.

Dimanche 28 mars 2021, Dimanche des Rameaux
Voici ma méditation pour ce jour intitulée : « Si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront » (Luc 19, 40). En ce Dimanche des Rameaux, nous t’accueillons dans la joie et la gloire ô Jésus Roi de l’amour et de la paix. Mais notre joie est mêlée de tristesse et nous n’avons plus de voix pour crier Hosanna, Fils de David aie pitié de nous ! Tu écoutes cependant nos cris et les gémissements de nos douleurs et tu vois que nous avons été déçus à plusieurs reprises. Tu nous dis avec notre patriarche Raï : Ne vous taisez pas ! Réclamez vos droits à une vie digne et libre. Réclamez un État juste qui vous protège, vous traite avec équité et applique la loi à tout le monde. Ne vous taisez pas, et continuez à crier jusqu’à ce que les responsables vous écoutent et leurs consciences soient secouées, pour qu’ils reviennent à Dieu repentis et demandent pardon à leur peuple et à Dieu qui les attend pour les traiter avec sa miséricorde infinie et les aide à dédommager leur peuple de ce qu’ils ont pillé et le lui rendent le quadruple, à l’instar de Zachée (Luc 19, 8-10). Ils travailleront alors ensemble à reconstruire l’État de droit dans une société pluraliste, et se retrouveront avec des cœurs purs autour de la personne du Patriarche qui n’a d’intérêt que celui de sauver le Liban, de rassembler ses fils, tous ses fils, responsables et citoyens, et de les voir unis sous le drapeau de l’unique Liban, le Liban-Message. Ô seigneur Jésus, je voudrais imaginer que tu dises, en ce dimanche des Rameaux, aux responsables qui cherchent à nous faire taire avec tous les moyens : « Si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront » (Luc 19, 40). Tu leur diras : Ne voyez-vous pas que votre peuple s’appauvrit et votre Etat s’effondre ? Ne voyez-vous pas que vous êtes devenus rejetés et méprisés de votre peuple et vous êtes devenus « comme des tombes que rien ne signale et sur lesquelles on marche sans le savoir » ? (Luc 11, 44). Dorénavant les enfants de votre peuple ne se tairont plus car le Christ est mort et ressuscité pour les libérer du péché et de la mort. Vous ne pourrez plus les acheter ou acheter leurs voix. La liberté a été et restera pour eux le trésor le plus précieux. Nous n’oublions pas que la vraie gloire devra passer avec Jésus par la croix, les souffrances et la mort avant d’atteindre le salut et la résurrection à une Vie nouvelle. Malgré tout ce que nous endurons, nous voulons ce jour des Rameaux un jour de renouveau de notre foi en Toi, Fils de David, Fils de Dieu. Nous le voulons un renouveau de notre amour pour Toi et entre nous afin que le monde sache que nous sommes tes disciples. Nous le voulons un jour de renouveau de notre engagement à porter la croix avec Toi, Ô Seigneur Jésus, qui a voulu mourir par amour pour nous, et à accomplir la mission que Tu as confiée à Ton Église au Liban afin qu’elle soit l’artisan de paix, de justice et d’amour au service de l’Homme. Amen.

  • Père Mounir Khairallah Evêque de Batroun

Publié le 26/03/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...21 mars 2021

Lettre aux Amis du 21 Mars 2021

Lundi 15 mars 2021 Le nouvel évêque nommé d’Antélias, Mgr Antoine Bou Najem, est venu se recueillir à Kfarhay avec un groupe de prêtres des Focolari, dont P. Charbel Khachan notre économe diocésain. Dès l’annonce, le 3 mars du mois courant, de l’assentiment donné par Sa sainteté le Pape François à son élection qui avait eu lieu lors du synode d’octobre dernier, Mgr Antoine m’avait contacté exprimant le désir de venir à Kfarhay pour une halte de prière auprès de Saint Maroun et Saint Jean-Maroun.
Mgr Bou Najem était mon étudiant au Grand séminaire de Ghazir. Il se rappelle de sa première année, propédeutique, dont j’étais le responsable, l’accompagnateur et l’initiateur en 1986-1987 en témoignant que j’étais celui qui leur a donné le goût de la maronité et de la spiritualité maronite érémitique ainsi que le sens de la synodalité dans l’Eglise. Nous commencions alors avec le Père Youakim Moubarac la démarche synodale pour la préparation du nouveau Synode Libanais ou le Synode Patriarcal Maronite (2003 - 2006).
Nous avons prié et médité ensemble, puis nous avons déjeuné à l’évêché.

Je signale, en fin de journée, que la monnaie nationale, la livre libanaise, poursuit sa chute. Le dollar américain est échangé à 13.000 L.L. ! Les réactions dans la rue ne se sont pas fait attendre. Les manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre l’inertie des responsables. Mais toujours sans résultats.

Mardi 16 mars 2021 Le dollar américain passe aujourd’hui la barre des 15.000 L.L. Du jamais vu ! Signe de la faillite de l’État libanais. La colère des Libanais explose à travers tout le pays ; les manifestations se poursuivent ; et l’inertie politique est toujours de mise.

Mercredi 17 mars 2021 20h00 : Le président de la République, le général Michel Aoun adresse un court message aux Libanais en quatre minutes au cours duquel il invite le Premier ministre désigné, M. Saad Hariri, à choisir entre deux options : « se rendre au palais de Baabda afin de former immédiatement un gouvernement en accord avec le président de la République, tel que c’est prévu dans la Constitution, ou céder la place à une autre personne capable de mener à bien cette mission ». « Les souffrances des citoyens, a-t-il dit, ont atteint un niveau qu'aucun peuple ne peut supporter. À l'épidémie qui persévère et perdure, se sont ajoutés la pauvreté, la misère, le chômage, l'émigration, la perte du pouvoir d'achat en raison de la hausse insensée du dollar américain par rapport à la livre libanaise, les pénuries de produits essentiels ». « Une situation insoutenable, alors que nous ne sommes pas encore remis de la tragédie de l’explosion du port de Beyrouth et de ses répercussions catastrophiques ».
M. Hariri n’a pas tardé à réagir en affirmant qu'il se « rendrait, pour la dix-septième fois à Baabda, sur-le-champ si l'agenda du président le permet, pour discuter de la mouture remise au président depuis des semaines, afin de pouvoir former immédiatement le cabinet ». « Et pour mettre un terme aux souffrances des Libanais, il faudra prévoir une élection présidentielle anticipée, ce qui constituera le seul moyen constitutionnel possible pour annuler les effets de son élection il y a cinq ans à la présidence par le Parlement qui l'a nommé Premier ministre désigné il y a cinq mois ».

Au lendemain d'une nouvelle dévaluation record de la livre libanaise, les prix de l'essence, revus chaque mercredi, ont enregistré une flambée ce matin, une énième mauvaise nouvelle pour une population déjà éprouvée par une grave crise socio-économique. Le prix du bidon d’essence (20 litres) 95 et 98 octane passe respectivement à 38.900 LL et 40.000 LL, soit une hausse de plus de 4.000 livres en une semaine ! Les manifestations se poursuivent dans tout le Liban et des routes sont coupées par des pneus brûlés.

Judi 18 mars 2021 16h00 : Je suis à Bkerké pour un rendez-vous avec Sa Béatitude le Patriarche Raï.
En m’accueillant à la porte, il m’a dit : « Merci pour tes Lettres aux Amis que je reçois toutes les semaines. Merci pour l’analyse pertinente des événements et les conclusions tirées, dont je m’en sers, et merci surtout pour les relations des activités écrites avec une sensibilité pastorale et un langage simple qui va droit au cœur ». Dans son petit bureau, nous avons discuté des sujets suivants : 1- Les Libanais à l’étranger activent leurs lobbys, notamment au Canada et aux États-Unis. Certains m’ont chargé de transmettre à Sa Béatitude leur soutien total et inconditionnel à ses positions concernant la neutralité du Liban et la tenue d’une Conférence internationale sous l’égide des Nations Unies pour sauver le Liban et appliquer les résolutions prises en sa faveur. 2- Le jumelage entre le diocèse de Pontoise et le Vicariat patriarcal de Sarba. En effet, Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise que je connais depuis longtemps, m’avait demandé d’instituer un jumelage avec un diocèse du Liban à l’instar de notre jumelage Batroun-Saint-Étienne. j’ai proposé à Sa Béatitude le vicariat de Sarba, du diocèse patriarcal, qui serait le plus proche de Pontoise. Sa Béatitude a encouragé l’idée d’autant plus que S. Exc. Mgr Paul Rouhana est déjà enthousiaste et connaît bien le diocèse de Pontoise ayant étudié à Paris et servi comme vicaire à Suresnes.
3- Le possible voyage de sa sainteté le pape François au Liban. Faut-il commencer à préparer le terrain ?
4- Enfin j’ai remis à sa Béatitude un projet de restauration des fondations du monastère Saint Jean-Maroun de Kfarhay, siège du Premier patriarche Saint Jean-Maroun (fin VII° siècle) et siège actuel du diocèse de Batroun. Or, suite aux effets d’usure du temps ainsi que les dommages dus aux infiltrations des eaux pluviales et à l’humidité, les murs et la pierre commencent à s’effriter.

17h30 : M. Saad Hariri s'est rendu au palais de Baabda et s'est entretenu avec le président Aoun pour la 17e fois depuis sa nomination le 22 octobre 2020. A sa sortie, il a déclaré : « J'ai évoqué avec le président ma vision pour la formation d'un gouvernement composé de 18 ministres experts-technocrates et j'ai écouté les remarques du chef de l'État. Nous nous sommes entendus sur une nouvelle réunion lundi afin de répondre à des questions essentielles pour arriver à la formation d'un cabinet le plus tôt possible ». « Le but essentiel du gouvernement est de mettre un terme à l'effondrement. Il faut regagner la confiance de la communauté internationale. La situation économique ne justifie pas la dépréciation actuelle de la livre libanaise. C'est plutôt l'absence d'horizon qui a mené à cela. Ce nouveau gouvernement aura donc pour but de mettre un terme à tout cela et arrêter l'effondrement ». « Les Libanais ont été hier témoins d'échanges acerbes entre le président et moi-même et je suis venu aujourd'hui pour réduire cette tension et calmer le jeu. Je resterai franc avec vous : il y a une opportunité qu'il faut saisir et il y a une possibilité que nos discussions aboutissent lundi ».

Vendredi 19 mars 2021 Fête de Saint Joseph, et lancement de l’année de la Famille - Amoris Laetitia promulguée par sa Sainteté le pape François. A cette occasion, j’avais envoyé, en tant que président de la Commission Épiscopale de la Famille et la Vie au Liban, une lettre aux membres de l’Assemblée des Patriarches et Evêques catholiques au Liban, aux Supérieurs généraux et Supérieures générales des Congrégations religieuses, aux présidents et membres des commissions diocésaines de la famille et aux présidents et membres des mouvements d’Eglise s’occupant de la famille, pour les inviter à célébrer cette année de la famille. « Nous devrions atteindre ensemble les objectifs suivants, ai-je précisé dans ma lettre : 1- Diffuser le contenu de l’exhortation apostolique « Amoris laetitia » pour « faire vivre aux gens l’expérience que l’Evangile de la famille est une joie qui remplit le cœur et toute la vie » (AL 200). 2- Annoncer que le sacrement du mariage est un don et qu’il a en lui-même un pouvoir transformateur de l’amour humain (AL 203). 3- Faire des familles les protagonistes de la pastorale familiale (AL 200). 4- Sensibiliser les jeunes à l’importance de se former à la vérité de l’amour et au don de soi avec des initiatives qui leur sont dédiées. 5- Élargir le regard et l’action de la pastorale familiale pour qu’elle devienne transversale à la famille, pour inclure les époux, les enfants, les jeunes, les personnes âgées et les situations de fragilité familiale ».
« L’année de la Famille, qui sera une année de réflexion sur l’exhortation apostolique ‘Amoris laetitia’, s’ouvrira le 19 mars, fête de Saint joseph, et se prolongera jusqu’au 26 juin 2022, date de la X° Rencontre Mondiale des Familles à Rome ». « Sa Sainteté le pape François a confié à la Sainte famille de Nazareth, en particulier à Saint Joseph, époux et père plein de sollicitude, ce cheminement avec des familles du monde entier, et a prié pour que la Vierge Marie obtienne aux familles du monde entier d’être de plus en plus fascinées par l’idéal évangélique de la Sainte famille, afin de devenir le ferment d’une nouvelle humanité et d’une solidarité concrète et universelle ».

17h00 : Je suis à Batroun pour célébrer la fête de Saint Joseph et le cinquième vendredi de Carême. A peine entré, j’ai été accueilli par un « Waw » retenti dans la cathédrale (Saint Étienne) et j’ai lu sur les visages des fidèles présents une lueur de joie !

J’ai présidé la Messe de Saint Joseph qui a été pour moi une Messe d’action de grâces au Seigneur, Dieu de Miséricorde et de Bonté à l’intention de tous ceux qui m’ont porté dans leurs cœurs et dans leurs prières. Après le salut de paix de Notre Seigneur Jésus Christ, j’ai salué tout le monde en leur disant que mon cœur était plein de joie en voyant la cathédrale presque pleine à l’instar les beaux jours d’antan. Puis je les ai remerciés et j’ai souhaité que tout le monde passe par l’expérience que j’ai vécue, non pas celle du Coronavirus, mais celle de la rencontre renouvelée avec Dieu ; car j’ai été moi-même totalement transformé par cette rencontre et ma vie a dorénavant un autre sens, un autre goût et un autre objectif : celui d’accomplir la volonté de Dieu dans ma vie, tout comme Saint Joseph, dans le silence et le dévouement, et se confier à la Providence, comme le Vénérable Patriarche Elias Hoyek !

Un chiffre inquiétant ! Au cours d’une conférence de presse, le président de l’Ordre des médecins, Dr Charaf Abou Charaf, tire la sonnette d’alarme : Plus de mille médecins prennent le chemin de l’émigration ! « Plus de mille médecins, pour la plupart des spécialistes de grande compétence, ont déjà émigré, a-t-il déploré. La proportion de ceux qui partent atteint les 20 à 30 %, dans une tranche d’âge allant de 35 à 55 ans, en d’autres termes ceux qui sont le nerf de la profession et la génération sur laquelle dépendent les établissements hospitaliers, autant pour les soins que pour l’enseignement. Leur absence créera un vide qui aura un impact négatif significatif sur le secteur hospitalier libanais, autrefois pionnier ». En effet, le Liban était renommé « l’hôpital du monde arabe » ! Je signale que c’est un phénomène qui dépasse le corps médical pour atteindre tous les secteurs de la vie active et la fuite des cerveaux s’accélère malheureusement !

Dimanche 21 mars 2021 10h00 : J’ai célébré, à Tannourine dans la haute montagne, la Messe du Dimanche de la guérison de l’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52) et de la fête des Mères au Liban. Je vous livre ma méditation de ce jour : «Seigneur Jésus ! Nous sommes devenus, nous Libanais, aveugles comme Bartimée, mis à l’écart et opprimés d’abord par une classe politique aveuglée par le pouvoir et l’argent qui nous empêche de crier : Fils de David aie pitié de nous ! Qui essaye même de nous faire taire et de nous empêcher d’exprimer nos douleurs et nos oppressions. Mis à l’écart ensuite, abandonnés et méprisés par la société internationale, nous souffrons d’un État raté qui nous a ôtés nos droits de citoyenneté à une vie digne et libre, et nous a transformés en mendiants de nos droits. Aucun des responsables ne veut écouter nos doléances. Aveugles dans cette obscurité, Ô Seigneur Jésus, nous voulons retrouver également la vue ! Nous voulons percevoir ta lumière et ton salut ! Nous voulons voir les personnes de bonne volonté, oui, elles sont nombreuses, celles qui veulent récupérer leurs droits et construire un État digne d’eux et de leurs enfants ; un État de droit qui traite à pied d’égalité les citoyens ; un État de liberté, de démocratie, de dignité, de justice et de fraternité humaine ; l’État du Liban-message ! Nous attendons que tu nous dises : Allez, votre foi vous a sauvés. Nous te suivrons alors sur ton chemin vers Jérusalem, la ville de la paix, où tu entreras roi dans la gloire ; où tu seras ensuite jugé, tu souffriras la crucifixion et la mort, et tu en sortiras vainqueur par la résurrection. Et alors la Vie vaincra sur la mort, l’Amour sur la haine, la Justice sur l’oppression et la Paix sur la guerre. Seigneur Jésus ! Nous sommes aveugles, mais nous n’oublions pas la mère, toute mère, que le Liban fête au premier jour du printemps. Toute mère qui est passée de cette vie à la Vie éternelle dans le Royaume de Dieu le Père, où elle jouira de l’Amour divin. Toute mère toujours en vie qui se dévoue et aime sans limite. Toute mère qui souffre de maladie, d’oppression, de blessure psychique ou d’offense. Toute mère qui pleure la perte d’un mari ou d’un enfant, ou qui se plaint de leur émigration vers des pays lointains abandonnant dans ses bras tout ce qui leur reste de plus précieux dans la vie. Seigneur Jésus ! Tu entends sûrement nos cris, nos lamentations, nos gémissements et les soupirs de nos mamans. Appelle-nous et nous nous levons d’un bond vers toi armés de notre foi, de notre espérance et de notre charité, par l’intercession de ta Mère et notre Mère la Vierge Marie, et nous te suivrons, portant notre croix, vers la gloire de la résurrection à une Vie nouvelle.

  • Père Mounir Khairallah Evêque de Batroun

Publié le 27/02/2021

Monseigneur Mounir Khairallah nous souhaite un bon carême...

Lettre aux Amis du 21 février 2021 Lettre spéciale écrite sous la pression du Coronavirus qui est venu me visiter !


Lundi 15 février 2021 Lundi des Cendres selon notre liturgie L’on nous demande pourquoi Lundi et non mercredi des Cendres ? Selon nos liturgies d’Orient, nous sommes entrés en Carême dimanche, qui est pour nous le Dimanche des Noces de Cana. Et c’est le Dimanche qui commande la semaine qui suit ; il porte un titre ou un Leitmotiv que les jours de la semaine méditent selon les lectures de la Parole de Dieu. Ce 1er dimanche donc nous invite à entrer en Carême dans la joie ; et Marie s tient silencieuse à nos côtés pour nous montrer Son Fils Jésus ; c’est à Lui que nous devons avoir recours, et à nous autres de faire ce qu’il nous dira. Ensuite les jours suivants nous méditons Les paroles de Jésus sur le jeûne : « Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme font les hypocrites ; ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent (…). Quant à toi, montre-toi seulement à ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt. 6, 16-18). Les autres dimanches suivent ainsi : 2ème Dimanche : la purification du lépreux (Mc. 1, 40-45) 3ème Dimanche : la guérison de la femme qui souffraient d’hémorragies (Luc 8, 40-48) 4ème Dimanche : L’Enfant Prodigue ou plutôt le Père miséricordieux (Luc 15, 11-32) 5ème Dimanche : la guérison du paralytique (Mc. 2,1-12) 6ème Dimanche : la guérison de l’aveugle Bartimée (Mc. 10, 46-52) 7ème Dimanche : Dimanche des Rameaux (Jean 12, 12-22), qui commande les jours de la Semaine Sainte, la montée vers Jérusalem, la crucifixion, la mort pour nous amener au Dimanche de la Résurrection.
Durant ce Carême, nous marchons avec Jésus qui nous révèle l’Amour infini du Père qui « a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique » (Jean 3, 16).


Le Carême c’est aussi un examen de conscience ! C’est pourquoi j’ai cru bon effectuer un survol rapide de notre histoire maronite et libanaise pour la relire objectivement et en tirer les conséquences. C’est une longue histoire parsemée d’embûches, de guerres, de révolutions, mais aussi de lueurs d’espérance qui ont permis à nos ancêtres de fonder le Liban autonome avec Fakhreddine II au XVIème siècle et le Grand Liban en 1920 avec le Patriarche Hoyek, Pays-Message de liberté, de convivialité, de respect des diversités et de démocratie.
Toutes les fois que avions employé la logique des armes et des guerres, nous avions tout perdu. Les guerres fratricides que nous avions menées contre nous-mêmes Maronites pour le pouvoir et les intérêts personnels nous les avions payées très cher en destruction et en pertes humaines, économiques et sociales. Et les guerres que les autres ont menées contre nous, à l’intérieur comme à l’extérieur, nous les avions perdues également en les payant très cher. Les conquérants ont occupé, détruit, brûlé, tué et expatrié nos populations, nous ont fait tout perdre à l’exception de notre foi en Dieu et de notre attachement à notre terre. Et ceux qui ont conquis notre terre considérant qu’ils ont gagné, ils ont découvert en fin de compte qu’ils ont perdu eux aussi et sont retournés vers nous pour nous supplier de revenir vivre avec eux et de consolider le vivre ensemble. Et toutes les fois que nous avions employé la logique de l’ouverture, du dialogue, de l’amour et du respect nous étions gagnants. Nous avions réussi alors à relever les défis au Liban et dans le monde arabe grâce à notre avancée culturelle, religieuse, sociale et économique et à faire profiter nos frères chrétiens et musulmans. En cette démarche de Carême, nous avons donc à revenir sincèrement à nous-mêmes, à nous repentir de nos péchés et reprendre les valeurs qui nous caractérisées et que le monde a reconnues et continue de reconnaître.

Jeudi 18 février 2021 Le Liban est ce matin tout vêtu de blanc ! Il a neigé toute la nuit ! Est-ce un signe ? La Corona a voulu me rendre visite ! Après avoir passé l’examen du PCR pour la Covid 19, le résultat s’est révélé positif. Je dois donc me confiner pour 14 jours avant de refaire l’examen. J’ai immédiatement prévenu mes prêtres en leur envoyant le message suivant : « Je viens de découvrir que je suis Corona positif. Je vais me confiner et suivre les consignes du médecin. C’était un peu prévisible du fait que je n’ai jamais voulu me détacher de vous ni de mon peuple durant la pandémie. Vous avez été, et vous l’êtes toujours, les Bons Samaritains auprès de vos paroissiens, notamment auprès des malades. C’est pourquoi j’ai voulu vous porter encore plus dans mes prières en demandant à Dieu de vous protéger avec vos familles et vos paroissiens, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Liban et de nos saints. Je vous souhaite une bonne marche de Carême dans la montée vers Jérusalem, durant laquelle nous porterons la croix avec Jésus qui nous montre l’Amour infini du Père et nous sauve par son sacrifice sur la croix. Nous avons à mourir avec Lui à la vie du péché pour mériter la résurrection à une vie nouvelle pour notre Église, pour notre peuple et pour notre patrie ».

20
CredoFunders
2 650 €
Sur 10 000 €
Terminée

Ce projet a été terminé le 07/04/2021.


Ce projet est porté par l'association des Amis d'Abana Liban

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PARTICULIER

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ENTREPRISE
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IFI
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Merci aux CredoFunders

Communauté de la Laure Abana- Liban 29/03/2021 - 15:10
Merci cher Ami inconnu de nous mais connu de Dieu! Que toutes les grâces du Précieux Sang vous soient accordées...Merci de prier pour nous et ce beau Liban si souffrant. Merciii! Aux pieds du Sauveur vous êtes avec nous!
Communauté de la Laure Abana- Liban 20/03/2021 - 13:42
Seigneur, tu nous donnes la Grâce de vivre en famille. Accepte la lenteur de nos cheminements. Donne-nous la patience d’accepter le cheminement des autres. Rends-nous humble pour permettre aux membres de notre famille de nous aider, et assez ouverts pour les aider eux-mêmes.Donne-nous de nous aimer,ensemble et jusqu’au bout,avec bienveillance et exigence.Dans les difficultés en famille, aide-nous à reconnaître lucidement nos défaillances et nos difficultés et avec ta Grâce à les combattre. Marie, notre mère à tous, nous déposons le ruban de nos vies dans tes mains. Vois les "nœuds" qui étouffent nos vies et nous paralysent, aide-nous à les défaire en famille sous l’action de l’Esprit Saint. Amen
Communauté de la Laure Abana- Liban 10/03/2021 - 16:09
Merci cher Ami Jean Paul Lh. d'être l'Ami certain de nos heures incertaines! Nous t'aimons en Dieu...Union de prière.
Communauté de la Laure Abana- Liban 10/03/2021 - 16:07
Dimitri que Dieu vous bénisse et soyez heureux et en paix! Nous prions pour vous et vos aimés. Merci de prier pour nous...Merci d'être là dans la traversée du tunnel!
Communauté de la Laure Abana- Liban 08/03/2021 - 15:38
Cher Juan, muchas gracias! Viva Espagna! Te quiero mucho en Dios...Un bezo de Lebano. Prega a nosotros! Pregamos por ti!

Étape questionnaire
Publié le 07/04/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...qvril 2021

Lettre aux Amis du 4 avril 2021

Mon programme de la Semaine sainte : Suivant les prescriptions-restrictions, les processions, étapes essentielles dans la Semaine sainte dans notre liturgie, sont interdites et la présence des fidèles ne dépasse pas les 30% de la capacité de chaque église. - Dimanche des Rameaux, 28 mars, 10h30 : Messe à la cathédrale Saint Etienne de Batroun. - Mardi saint, 30 mars, 17h30 : Prière du soir avec les moniales de Sainte Rafqa.
- Mercredi saint, 31 mars, 18h00 : Messe et rite de la bénédiction de l’huile à Ebrine, église Saint Charbel.
- Jeudi saint, 1er avril : 10h00 : rencontre avec les prêtres du diocèse à l’évêché à Kfarhay, puis Messe concélébrée, puis déjeuner fraternel.
17h00 : Messe à Tannourine, église de l’Assomption. 20h00 : Une heure d’adoration devant le Saint Sacrement à Bejdarfel, église saint Pantéléon, organisée par la Commission de la Pastorale de la Santé, à l’intention de tous les malades, transmise sur Facebook du diocèse et les moyens de communication.
- Vendredi saint, 2 avril, 10h00 : Liturgie de l’adoration de la Sainte Croix et rite de l’ensevelissement de la croix à la cathédrale, Batroun. 20h00 : Récital à Ghouma pour le secteur de la Rencontre et du Dialogue. - Samedi saint, 3 avril, 11h30 : Rite du Pardon à la cathédrale, Batroun. Messe de Minuit à la cathédrale, Batroun. - Dimanche de Pâques, 4 avril, 11h00 : Messe de la Résurrection à l’Evêché à Kfarhay.

Mardi saint 30 mars 2021 A Bkerké, Sa Béatitude le patriarche Raï a reçu une délégation de groupes se revendiquant « souverainistes » et issus du soulèvement populaire du 17 octobre 2019. La délégation présente a affirmé son soutien aux positions du patriarche, notamment sur la neutralité du Liban et sur la tenue d'une conférence internationale pour sauver le pays du Cèdre, saluant dans ses propositions un « nouvel espoir pour le Liban ». La délégation a proposé un programme en trois points pour « libérer le Liban » : 1- L'application de la Constitution et du Pacte national ; 2- L'adhésion aux résolutions 1559, 1680 et 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, prônant notamment le désarmement du Hezbollah ; 3- L'adoption de la neutralité par rapport aux axes régionaux et l'organisation d'une conférence internationale. En réponse à ce programme, Sa Béatitude a déclaré : « Nous voulons une conférence qui permettrait de protéger le Liban d'une mort définitive ». « Le secrétaire général des Nations Unies est inquiet pour le Liban. Il a salué l'idée de l'organisation d'une telle conférence internationale et nous a appelé à en préparer les bases. En outre, la majorité des ambassadeurs des pays arabes que j'ai rencontrés soutiennent la neutralité ».

Sur un autre plan, le ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, poursuit ses pourparlers avec ses homologues européens en vue de brandir la menace de pressions supplémentaires pour un déblocage concernant la formation du gouvernement au Liban. Il a pris contact avec le président de la République M. Michel Aoun, le président de la Chambre M. Nabih Berry et le Premier ministre désigné M. Saad Hariri pour leur dire que « leur responsabilité est partagée dans l’impasse actuelle ». Le communiqué publié en soirée par le ministère français des Affaires étrangères est clair : « L’obstruction délibérée à toute perspective de sortie de crise, en particulier de la part de certains acteurs du système politique libanais, par des demandes inconsidérées et d’un autre temps, doit cesser immédiatement ».

18h00 : Je suis au couvent Saint Joseph de Jrabta avec les moniales de Sainte Rafqa. Je préside la prière du Mardi saint et la procession de la Sainte Croix. C’est une halte spirituelle d’une intense ferveur. L’atmosphère est au recueillement et les chants des moniales nous élèvent vers le ciel, tellement leurs voix nous font songer aux chants d’adoration des anges à Dieu trois fois saint.
Après la Messe, je partage avec les moniales le dîner.

Mercredi saint 31 mars 2021 11h00 : Une délégation iranienne est reçue à Bkerké par Sa Béatitude le patriarche Béchara Raï. Elle est présidée par le secrétaire général du Forum mondial pour la proximité entre les écoles islamiques, le cheikh Hamid Shahrayari, accompagné du chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran à Beyrouth, Hassan Khalil, et d’autres responsables iraniens. Cheikh Shahrayari a déclaré à la sortie : « La discussion a été franche et transparente ». « La nécessité de rester attaché à l’union nationale, est le seul moyen susceptible de préserver la souveraineté du Liban, sa liberté et son indépendance ». « Nous sommes convaincus que le Liban est un pays définitif pour tous ses fils. L’expérience historique contemporaine a montré que quand les Libanais font preuve d’unité nationale, ils peuvent résister à toute agression contre eux. La victoire historique de l’an 2000 n’aurait pas pu être réalisée sans l’union nationale et l’esprit de résistance ».

18h00 : Je suis à A Ebrine pour présider avec le Père Jean-Maroun Moufarrej, curé, la Messe, le « rite de la Lanterne » et la bénédiction de l’huile ; à ne pas confondre avec le rite de la bénédiction des huiles saintes appelées le saint-Myron qui sera célébré demain, lors de la messe chrismale le jeudi saint, par le patriarche à Bkerké.
Ce « rite de la Lanterne », très ancien dans notre Église, consiste à préparer une pâte de farine que l’on submerge de l’huile d’olive et l’on fourre dans la pâte, tout autour, sept mèches qu’on allume au fur et à mesure de la démarche du rite. Tout se déroule à partir de l’évangile du Bon Samaritain (Luc 10, 25-37). Le samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme « tombé aux mains des bandits qui ‘l’ayant dépouillé et roué de coups, s’en allèrent le laissant à moitié mort ». « Il le vit et fit pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin ». C’est avec cette huile, une fois bénie, que le célébrant oindra les fidèles présents et qui la prendront à leur tour chez eux pour oindre les personnes âgées et les malades. Quant à la lanterne, elle symbolise la veille permanente, commandée par Jésus, à l’exemple des « vierges avisées qui avaient pris, avec leurs lanternes de l’huile dans des fioles » (Mt. 25, 4).

Jeudi Saint 1er avril 2021 11h00 : selon une décision prise aux temps de mon prédécesseur S. Exc. Mgr Paul Emile Saadé, nous nous retrouvons - prêtres, diacres et séminaristes du diocèse - le jour du Jeudi saint autour de l’évêque pour renouveler notre engagement dans la grâce du sacerdoce que nous avons reçu par l’Esprit Saint du Christ Jésus dans l’Église par les mains de l’évêque, successeur des Apôtres. Après une rencontre dans le grand salon, j’ai présidé l’eucharistie dans l’ambiance fraternelle qui nous lie à Jésus Christ Bon Pasteur et prêtre éternel. Dans mon homélie que j’avais préparée et distribuée aux présents, j’ai annoncé l’agenda des priorités des années à venir : « … Notre célébration cette année a un goût amer à cause des crises et des drames que nous avons vécus au Liban, en plus de la pandémie du Coronavirus qui est venue s’y ajouter et qui a bouleversé notre train de vie, nos habitudes et nos traditions… Ce qui nous a imposé de revoir notre manière de remplir notre mission et notre ministère presbytéral, nos styles de vie et nos relations, de réorganiser nos agendas et de repenser nos priorités. C’est pourquoi, à partir des priorités pastorales que j’avais établies dès le début de mon épiscopat et de celles parues à travers les travaux du synode diocésain qui se sont prolongés sur six ans, je propose, pour les années à venir, le recentrage des priorités de manière à répondre aux défis que nous affrontons dans notre ministère pour une pastorale qui insiste sur la proximité et la sortie de l’Église vers les périphéries, selon le pape François. Ces priorités sont les suivantes : - La première est le Service de la Charité : La solidarité et la collaboration pour tendre la main à nos frères et sœurs dans le besoin qui, comme la majorité des Libanais, vivent désormais sous le seuil de la pauvreté. Le nombre de familles nécessiteuses dans le diocèse est passé de 674 en janvier à 1004 le 28 mars. Nous soutenons ces familles à travers la commission diocésaine du Service de la Charité et la Caisse sociale diocésaine grâce à la générosité de diocésains au Liban et à l’étranger et un bon nombre d’amis en France et en Italie, de diocèses comme celui de Saint-Étienne avec qui nous sommes en jumelage, et à des associations caritatives comme l’Œuvre d’Orient et bien d’autres. - La deuxième est la Famille : Sa Sainteté le pape François a annoncé une année pour la Famille pour « appeler à redécouvrir la valeur éducative de la cellule familiale qui doit être fondée sur l’amour qui régénère toujours les relations en ouvrant des horizons d’espérance ». Nous apprécions fortement les efforts déployés par la Commission diocésaine de la Famille pour soutenir nos familles, nos fiancés et nos jeunes mariés, mais aussi assurer une proximité aux familles qui connaissent des situations de crise à travers le centre d’écoute et de réconciliation et la commission diocésaine d’accompagnement. - La troisième porte sur les jeunes et les séminaristes : Ils sont l’avenir de la patrie et de l’Église et leur espérance d’avenir et méritent tout notre intérêt. Nous rendons grâce au Seigneur pour nos jeunes de Batroun qui sont engagés dans les mouvements d’Église, dans les paroisses et dans les associations caritatives. Ils rendent un service inégalé à la société et à l’Église avec amour et dévouement partant de leur foi et de leur courage à affronter tous les défis. Leurs activités sont coordonnées par la Commission diocésaine des Jeunes. Notre souci reste cependant celui des jeunes qui se sont éloignés de l’Église. Il faudra aller les rejoindre là où ils vivent. Ce que nous essayons de faire. Mais les uns et les autres subissent les mêmes drames au Liban, tels le chômage, la pauvreté, le manque de possibilités pour suivre des études scolaires ou universitaires, l’horizon bloqué devant leurs attentes … Ils songent à émigrer à la recherche d’une vie digne ailleurs. Ils ont soif et faim d’approfondir leur foi et leur appartenance ecclésiale et nationale et réclament des aumôniers. Ce qui nous pousse à sensibiliser des jeunes à devenir séminaristes et à les former selon les besoins des temps actuels. Nous remarquons pourtant une hésitation, même chez nos jeunes les plus engagés, à prendre la décision de dire oui au Seigneur dans le sacerdoce, comme d’ailleurs une hésitation à prendre la décision du mariage. Notre diocèse de Batroun, jadis très généreux en vocations pour avoir donné des prêtres et des religieux à tous les diocèses maronites, n’a qu’un seul séminariste aujourd’hui et cinq diacres, un permanent et quatre en attente d’ordination presbytérale. Notre responsabilité, nous autres, évêque et prêtres, est grande et grave. Il est de notre devoir de témoigner, dans notre vie sacerdotale simple, pauvre et dévouée au service, de la joie et de l’espérance d’être avec Jésus Christ pour attirer les jeunes vers le Christ.
- La quatrième porte sur la catéchèse, l’enseignement et la formation permanente : Notre peuple et nos jeunes en particulier ont soif d’approfondir leur foi à travers une catéchèse chrétienne qui part de la Parole de Dieu d’abord, des enseignements de l’Église ensuite, et du patrimoine de notre Église antiochienne syriaque maronite en troisième lieu. Ils réclament un ressourcement spirituel et biblique. Notre responsabilité, nous autres prêtres, est grande et nous devons enseigneur notre peuple à travers nos homélies bien préparées et loin de la politique, nos veillées bibliques et nos rencontres spirituelles. Nous avons à rouvrir l’Institut de formation religieuse dans le diocèse et les prêtres et laïcs qualifiés pour l’animer ne manquent, Dieu merci.
En conclusion, j’invite mes frères et sœurs les prêtres, les religieux, les religieuses et les laïcs engagés dans la pastorale diocésaine réunir nos efforts pour mettre ces priorités en exécution et créer des initiatives créatrices, chacun dans son domaine, qui répondent aux besoins et aspirations de notre peuple et de nos diocésains. Nous appliquerons ainsi les recommandations décidées lors de notre Synode diocésain en rappelant sa devise : « Sur les pas de nos saints, nous nous renouvelons et nous sommes sanctifiés par le Christ Jésus ».

18h00 : J’ai présidé la Messe du Jeudi saint à Tannourine avec Mgr Pierre Tanios, curé et vicaire général, le Père Marcelino Assal, vicaire, et le diacre Edgard Harb (qui sera ordonné prêtre le 16 mai 2021). Là aussi les fidèles sont présents nombreux pour fêter ce jour tout en regrettant ne pas participer au rite du Lavement des pieds, interdit à cause du Coronavirus. 20h30 : Je suis à Bejdarfel pour prendre part à une heure d’adoration devant le Saint Sacrement animée par la Commission diocésaine de la Pastorale de la Santé présidée par le Père Charbel Khachan, en présence du curé Père Boutros Farah. Le thème de méditation est puisé dans l’évangile de Matthieu 26, 36-46 où Jésus, arrivé à Gethsémani, dit à ses disciples : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi ». Il s’éloigna pour prier. Puis « il vient vers eux et les trouve en train de dormir ; il dit à Pierre : ainsi vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L’esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible ». Une fois encore, c’est le thème de la veille avec Jésus dans les tribulations. A notre surprise et malgré les restrictions du confinement, l’église est pleine de jeunes venus prier et méditer à partir de leurs situations catastrophiques et sans issues. Pourtant ils laissent entrevoir leur espérance avec Jésus qui a bu la coupe des souffrances et de la mort mais qui l’a vaincue par la résurrection et la promesse de la Vie nouvelle pour tous ceux qui croiront en Lui.

Vendredi Saint 2 avril 2021 10h00 : Je préside, à la cathédrale à Batroun, le rite de l’adoration de la Sainte Croix et l’office de la sainte sépulture avec Père Pierre Saab, curé, Père François Harb, vicaire, et le diacre Johnny Tannous (qui sera ordonné prêtre le 1er mai 2021). La cathédrale est pleine de fidèles, malgré les restrictions du confinement. Ils ont soif et faim de la Parole de Dieu et de célébrer les rites de la Semaine sainte. Après les lectures des prophètes qui annoncent la venue du Messie, des Actes des Apôtres, des épîtres et le récit de la Passion dans les quatre évangiles qui témoignent de la mort et de la résurrection de Jésus Fils de Dieu, nous avons célébré le rite de la descente du crucifié de la croix et sa déposition dans un cercueil. Un rite apporté dans l’Église maronite par des Frères Franciscains au XIV° siècle et qui impressionne toujours les fidèles. La procession avec le cercueil n’a pas eu lieu, comme d’habitude, en dehors de l’église, à cause des mesures de restriction pour le Coronavirus. On passe immédiatement à la mise au tombeau préparé à l’avance à gauche du Maître Autel, à la désolation des fidèles. Mais la cathédrale restera ouverte toute la journée pour permettre aux fidèles de venir se recueillir devant le tombeau de Jésus et déposer toutes leurs intentions de prières. L’homélie que j’ai prononcée a pour titre : « Jésus meurt sur la croix en aimant et en pardonnant ! ». « Jésus sur la croix a aimé les siens qui sont dans le monde jusqu’à l’extrême (Jean 13,1). Il a pardonné à ceux qui le crucifiaient : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 34). Sommes-nous capables aujourd’hui, dans notre situation catastrophique, de témoigner de cet amour ? Regardons Jésus crucifié aujourd’hui sous nos yeux avec des milliers de nos concitoyens : les malades du Coronavirus et d’autres maladies mortelles, les souffrants, les exclus, les opprimés, les sans dignité, les pauvres, les affamés pour un pain, les victimes des guerres et des explosions, les expatriés, mais aussi les malfaiteurs et les oppresseurs à droite et à gauche ! Et disons avec le Centurion : Vraiment Tu es Fils de Dieu ! (Marc 15,39). Vraiment Tu nous aimes et tu nous montres combien nous sommes aimés par le Père ! Donne-nous, Seigneur Jésus, de témoigner de cet amour pour que notre vie se transforme en un engagement d’amour pour Dieu et pour le prochain ! Aide-nous, Seigneur Jésus, pour que chacun de nous devienne une énergie d’amour au service de notre prochain, de tout homme en besoin de liberté et de dignité !

Samedi saint, 3 avril 2021 9h30 : Je suis à Bkerké, avec d’autres évêques, auprès de Sa Béatitude le Patriarche Raï qui communique son Message de Pâques à la presse et à tous les Médias qui le diffusent en direct. Il commence par affirmer que « la Résurrection du Christ est l’essence de notre foi chrétienne. Le Christ est mort pour racheter les péchés de chaque homme et les péchés de l’humanité ; il est ressuscité pour nous obtenir le fruit de la Rédemption : la Vie nouvelle par l’Esprit Saint ». Il passe ensuite à décrypter la situation du pays : « Comme il nous est douloureux de voir la classe au pouvoir et ceux qui l'entourent manipuler le sort de la patrie, de son peuple, de sa terre, de sa dignité ! (...) Il est encore plus douloureux de voir que certains d'entre eux s'accrochent à une loyauté envers un autre pays que le Liban, aux dépens de la nation et des Libanais ! Que peut-on dire de ceux qui bloquent intentionnellement la formation du gouvernement et paralysent l'État, pour faire croire au peuple que le problème est dans la Constitution, alors que la Constitution est la solution ? Le problème vient de leurs comportements politiques et nationaux. Il est désormais clair que nous sommes face à un plan qui vise à changer le Liban, son système, son identité, sa formule et ses traditions. Il y a des parties qui adoptent une méthode de démolition des institutions constitutionnelles, financières, de l'armée et de la justice. Il y a des parties qui choisissent de créer des problèmes et d'empêcher les solutions. Que tout le monde le sache que la vie de la nation n'est pas celle des quotas. C'est l'intégration de valeurs, la rencontre de volontés et un profit commun. Les droits des confessions et leurs quotas s'évanouissent devant les droits des citoyens à la sécurité, à la nourriture, à l'éducation, à la santé, au travail, à la prospérité et à la paix. Partant de ces principes civilisationnels, humanitaires et nationaux, nous avons lancé les projets de la neutralité du Liban et de la tenue d'une conférence internationale pour sauver le pays. Un Liban neutre est un Liban de stabilité et de paix. Quant au Liban partial, c'est le Liban de la tourmente et de la guerre. Nous voulons la paix, pas la guerre. La neutralité est dans l'intérêt de tous et peut sauver tout le monde. Quant à la conférence internationale, elle donnera au Liban une nouvelle vie en stabilisant son entité, ses frontières internationales, en renouvelant le partenariat national, en renforçant sa souveraineté, son indépendance et son armée. Les Nations Unies et nos amis arabes et internationaux sont prêts à discuter de cette proposition car ils souhaitent aider le Liban à rester un pays libre et privilégié dans cet Orient ». « En toute charité, je dis à tous ceux qui sont à l'origine de l'échec de la formation du gouvernement et de ses conséquences financières, économiques, monétaires et sociales : Arrêtez les abus ! Arrêtez les comportements égoïstes et autoritaires ! Arrêtez de sacrifier le Liban et les Libanais pour le bien d'autres peuples, d’autres causes et d’autres pays ! Arrêtez les interprétations personnelles de la Constitution et les hérésies dans l'interprétation du Pacte national. Libérez la prise de décision et le peuple libanais ! ». « La Résurrection du Christ a fait de nous les fils et les filles de la Résurrection. Elle a allumé dans nos cœurs la flamme de l’espérance qui ne s’éteint pas. C’est le cas de nos nouvelles générations et des Libanais libres qui ont allumé la flamme de la révolution civilisée qui essaient d’édifier un Etat libre et fort de ses droits, ouvert aux relations arabes et internationales et à la fraternité humaine intégrale ».

16h00 : Le Président de la République, le général Michel Aoun, est reçu par Sa Béatitude le Patriarche Raï. Une visite surprise mais elle est placée dans le contexte des félicitations de Pâques. Le Président de la République devait être attendu demain, selon la tradition, dimanche de Pâques, à Bkerké pour participer à la Messe et avoir un tête-à-tête avec le patriarche. A sa sortie après un entretien d’une heure avec le patriarche, le président Aoun a déclaré : « Nous sommes venus féliciter le patriarche à l'occasion de la fête de Pâques et lui souhaiter, ainsi qu'au peuple, que le Liban sorte du tunnel sombre dans lequel il se trouve", a annoncé Michel Aoun à l'issue de l'entretien qui a duré environ une heure. "Nous espérons également que la fête de Pâques sera plus joyeuse l'année prochaine, grâce aux efforts des responsables et de la population, car il ne peut y avoir de responsables s'il n'y a pas de population. Le pouvoir central est aux mains du peuple libanais ». Interrogé ensuite par les journalistes sur une possible formation du gouvernement la semaine prochaine, le président Aoun a répété : « Attendons que le Premier ministre désigné rentre au Liban ». Prié de dire si tous les obstacles à la formation du gouvernement ont été surmontés, il a répondu par la négative : « Non, les obstacles se succèdent. À chaque fois qu'on surmonte un obstacle, un autre apparaît. Mais je suis toujours optimiste ». Aux journalistes qui lui ont demandé s'il était d'accord avec les efforts entrepris par le patriarche maronite pour faciliter la mise sur pied du cabinet, le chef de l'État a répondu : « À la base, c'est le patriarche qui est le premier facilitateur ».

Minuit : J’ai présidé la Messe de la Résurrection et du rite de la Paix à la cathédrale à Batroun pleine de fidèles presque comme les beaux jours, mais portant leurs masques pour éviter les contaminations. Tous prennent part aux chants et aux prières dans un recueillement exemplaire. Ils sont enthousiastes de voir le célébrant enlever la Croix du tombeau et la porter en procession dans la cathédrale, symbole de notre résurrection certaine avec le Christ.

Dimanche de la Résurrection 4 avril 2021
Dimanche de Pâques, du passage de la mort à la vie 11h00 : J’ai présidé la Messe de la Résurrection à l’Evêché avec un nombre accru de fidèles venus partager la célébration de notre espérance en une résurrection prochaine avec le Christ pour le peuple libanais et pour le Liban. Mon homélie pour ce Dimanche a pour titre : « pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Luc 24, 5). Par sa mort et sa résurrection, Jésus a bouleversé la logique des hommes. Il a anéanti la peur des cœurs des fidèles et transformé la mort en vie et la vie en mort ! Les vivants en morts et les morts en vivants ! « Dans la crainte qu’ils en eurent, les gardes furent bouleversés et devinrent comme morts » (Mt. 28, 4). Et les morts en Jésus Christ devinrent des vivants pour l’éternité avec Jésus qui a vaincu la mort par la Vie. C’est le mystère de l’amour incarné par Jésus Christ Fils de Dieu dans l’humanité et pour elle. C’est le mystère de la vie et de la mort. Le mystère de l’Amour offert pour racheter l’humanité ! C’est notre espérance, nous Libanais, en Jésus Christ pour une résurrection certaine et prochaine à une Vie nouvelle qui aura le dernier mot sur nos catastrophes et notre « chute en enfer ». Jésus qui est descendu aux enfers après sa résurrection nous portera avec Lui vers le Père, son Père et notre Père, et nous sauvera. C’est notre foi. Nous la proclamons à haute voix. Et nous disons : Christ est ressuscité; Il est vraiment ressuscité, et nous en sommes témoins !

A signaler en ce dimanche le Message de Pâques de Sa Sainteté le pape François dans la traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi depuis la basilique Saint-Pierre à midi, consacrée aux plus vulnérables, les malades souffrant du Covid-19, les migrants, les personnes précipitées dans la précarité par la pandémie, et les populations victimes des guerres en Syrie, au Yémen, en Libye et en Afrique. Il a notamment prié pour le peuple libanais :
« Que la lumière du Ressuscité soit source de renaissance pour les migrants fuyant la guerre et la misère. Je remercie les pays qui accueillent avec générosité ceux qui souffrent et cherchent refuge, en particulier le Liban et la Jordanie qui accueillent de très nombreux réfugiés ayant fui le conflit syrien. Que le peuple libanais, qui traverse une période de difficultés et d’incertitudes, fasse l’expérience de la consolation du Seigneur ressuscité et soit soutenu par la communauté internationale dans sa vocation d’être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme ». Je suis surpris et heureux de retrouver le thème de mon homélie dans les paroles de sa Sainteté le Pape François qui a terminé son Message ainsi : « A la lumière du Ressuscité, nos souffrances sont transfigurées. Là où il y avait mort, il y a maintenant vie, là où il y avait deuil, il y a maintenant consolation ».

Père Mounir Khairallah + Évêque de Batroun

Publié le 29/03/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...21 mars 2021

Lettre aux Amis du 28 mars 2021

Lundi 22 mars 2021 Veille de la fête de Sainte Rafqa Je suis dans l’après-midi au couvent de Saint Joseph des moniales de l’Ordre Libanais Maronite pour fêter, comme tous les ans, Sainte Rafqa, et cette année malheureusement sans la participation des fidèles, confinement et pandémie du Coronavirus obligent. Après une rencontre avec les moniales, j’ai présidé, à 17h30, la prière liturgique de la veille de la fête. A 18h30, j’ai dîné avec elles ; et à 19h30, j’ai présidé le rite de la bénédiction de la terre prélevée sur la tombe de Sainte Rafqa en vue de la distribuer aux fidèles par la suite. Les prières et les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que celles des épisodes de la vie de Sainte Rafqa, nous invitent à méditer sur l’Amour de Dieu envers l’homme en nous ramenant tout d’abord aux premiers jours de la création, lorsque « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa » (Gn. 1, 27). « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn. 2,7).
Une invitation à méditer ensuite la guérison de l’aveugle-né de Jérusalem : « Ni lui ni ses parents ont péché, dit Jésus, mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui… Puis Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l’appliqua sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : va te laver à la piscine de Siloé. L’aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait » (Jean 9, 3-7). Et à méditer enfin certains épisodes du cheminement de Sainte Rafqa portant les souffrances avec Jésus et les miracles obtenus par son intercession par le moyen de la terre prise sur sa tombe depuis sa mort en 1914 jusqu’à aujourd’hui. Le premier miracle eut lieu avec la supérieure, Mère Ursula Doumit, peu après la mort de Rafqa par le moyen de la terre de sa tombe. Et le dernier en date eut lieu, fort probable, avec moi. Là, je témoigne de ce que j’ai vécu quand le Coronavirus m’a visité et a empiré mon allergie respiratoire attaquant les poumons en provoquant la malicieuse toux qui a failli m’étrangler le jeudi 25 février (jour anniversaire de mon ordination épiscopale). Je me suis adressé à Sainte Rafqa, ma patronne et ma voisine de maison, et j’ai pris de la terre de sa tombe, je l’ai diluée dans l’eau et j’en ai bu ; la toux s’est arrêtée dix minutes plus tard. Entré à l’hôpital, la radio a montré que les poumons étaient enflammés à 45% ; mais Dr Edouard Elias m’a rassuré que Sainte Rafqa a obtenu de la miséricorde de Dieu le Père ma guérison. Tout cela pour que les œuvres de Dieu se manifestent en chacun de nous et que nous puissions Lui rendre gloire. La terre n’est qu’un moyen que Dieu utilise pour nous guérir par l’intercession de Sainte Rafqa. Oui, je suis le dernier et vivant témoin – et non l’ultime – des grâces demandées et obtenues par sainte Rafqa. Nous avons terminé le rite par la procession jusqu’à l’ancienne et première tombe de Sainte Rafqa dans le cimetière où j’ai donné la bénédiction finale.

15h35 : Le rendez-vous tant attendu a déçu les Libanais ! Le Premier ministre désigné M. Saad Hariri vient de sortir de chez le Président de la République Michel Aoun, après leur 18ème rencontre de vingt minutes, visiblement énervé sans laisser le moindre espoir d’une nouvelle rencontre ! Le tissu du nouveau gouvernement déjà déchiré n’aura personne pour le recoudre ! S'adressant à la presse, M. Hariri a déclaré :
« J’ai reçu la veille, de la part de la Présidence, une mouture complète d'un cabinet avec une répartition confessionnelle et partisane des ministères dans des gouvernements de 18, 20 ou 22 ministres, à laquelle il m’était demandé d'ajouter des noms. Cette proposition accorde le tiers de blocage à la formation politique du président de la République. Cette liste est inacceptable. Le travail du Premier ministre n'est pas juste de compléter un document qui lui a été envoyé. La Constitution stipule clairement que le Premier ministre désigné forme son gouvernement et donne les noms avant de les discuter avec le président ». « Mon objectif est unique : mettre un terme à l'effondrement et aux souffrances des Libanais. J'ai donc demandé au président d'écouter ces souffrances et de donner une dernière chance au pays pour que soit formé un gouvernement de technocrates qui puissent mettre en œuvre les réformes, sans obstruction et sans considérations partisanes étroites. J’avais remis au président Aoun la même mouture que celle que je lui avais déjà présentée en décembre, il y a plus de cent jours. Je lui ai dit que je suis toujours prêt à y apporter des changements ou à écouter ses propositions concernant les noms et les portefeuilles. J'ai même facilité les choses pour trouver une solution face à son obstination à obtenir le ministère de l'Intérieur. Mais malheureusement, sa réponse était claire : il veut le tiers de blocage. En attendant, et puisque le président avait dit dans son dernier discours que la liste que je lui avais présentée est incomplète, je partage avec vous cette mouture complète, que je lui ai présentée le 9 décembre 2020 et je laisse l'opinion publique juger ». Refusant de répondre aux questions de la presse, il a immédiatement quitté les lieux. Un communiqué de la présidence de la République a été publié peu après, précisant que :
« Le président de la République a été surpris par les paroles et les moyens employés par le Premier ministre désigné. Le chef de l'Etat s'est posé en défenseur de la Constitution et du Pacte national. Il a adressé au Premier ministre désigné un document indiquant seulement la méthodologie de formation du cabinet et comprenant quatre piliers, qui sont un cabinet de 18, 19 ou 20 ministres ; la répartition des portefeuilles sur les confessions, conformément au texte de l'article 95 de la Constitution ; la référence pour la nomination de chaque ministre, après que le Premier Ministre désigné ait dévoilé dans sa mouture que certains partis ont nommé leurs ministres ; les noms des ministres après accord sur leur confession et leur référence. Cette méthodologie est bien connue du Premier ministre désigné, lequel a déjà formé deux gouvernements sur cette base ». La conséquence immédiate à ce « divorce » entre les deux présidents se traduit par la chute vertigineuse de la valeur de la livre libanaise et la hausse du dollar qui est passé de 10.800 L.L. à 14.200 L.L. ! D’ailleurs la Livre Libanaise a perdu en un an 90% de sa valeur et l’économie du pays a perdu 26% !!!

D’un autre côté, on signale que le ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves le Drian a déclaré à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues de l'Union Européenne : « Le Liban est dans la dérive, ce pays est en train de dévisser. On sait que les solutions existent. Il faut un gouvernement qui soit un gouvernement inclusif, opérationnel, un gouvernement d'action et il faut des réformes. On sait que les réformes sont tout à fait partagées par l'ensemble de la communauté internationale. Tout le monde sait ce qu'il faut faire, mais c'est bloqué pour des intérêts particuliers, parce que les responsables politiques n'arrivent pas à engager le processus. L'Europe ne peut pas se désintéresser de cette crise. Quand un pays s'effondre, l'Europe doit être au rendez-vous. Je veux que l'on puisse échanger ensemble sur les leviers qui nous permettraient de faire pression auprès des autorités libanaises, pour qu'elles bougent, parce que la population libanaise est aujourd'hui dans l'angoisse et le désarroi ».

Jeudi 25 mars 2021 Fête de l’Annonciation 11h00 : Nous sommes tous, les évêques maronites du Liban, à Bkerké autour de Sa Béatitude le Patriarche Cardinal Béchara Raï qui fête le dixième anniversaire de son intronisation patriarcale et sa fête patronale de N.D. de l’Annonciation. Sa Béatitude a présidé la Messe en présence également du Nonce apostolique S. Exc. Mgr Joseph Spiteri. Dans son homélie, il a rendu grâce au Seigneur pour les dix années de son patriarcat sous le patronage de N.D. de l’Annonciation et suivant la devise « Communion et charité ». Il a appelé le Premier ministre désigné, M. Saad Hariri, et le chef de l'Etat, le général Michel Aoun, à reprendre les pourparlers pour la formation du gouvernement alors que le pays traverse une crise économique et sociale d’une ampleur inégalée. Il leur a demandé de « se consulter dans un esprit sincère et national, jusqu'à ce qu'ils s'accordent sur de nouveaux noms et répartissent les portefeuilles équitablement, en respectant la Constitution et le Pacte national de 1943 ». « La crise politique et ses répercussions économiques et sociales s'aggravent de plus en plus. Nous n'aurions jamais imaginé que le Liban, phare de l'Orient, connaîtrait un tel niveau de déclin. Nous n'aurions jamais imaginé que les décisions et les prérogatives du pouvoir seraient dénuées de légitimité et que le pays deviendrait l'otage du jeu des axes régionaux. Nous n'aurions pas imaginé que l'État échouerait à former un gouvernement, cent ans après sa création ». « Nous sommes déterminés à poursuivre la marche pour sauver le Liban et les Libanais - tous les Libanais - et nous ne désespérerons pas ». « Le Liban en tant qu'État civil est pour tous les chrétiens et les musulmans libanais. Sa préservation est une responsabilité collective à laquelle participent toutes les composantes libanaises, signe de notre conviction absolue en l’unité, l’identité et le rôle du Liban en Orient et dans le monde ».
A la fin de la Messe, Mgr Spiteri a lu le message de félicitations de Sa Sainteté le pape François à Sa Béatitude : « Je vous adresse avec plaisir mes félicitations ainsi que mes vœux chaleureux et mes prières à l’occasion de la fête de votre sainte patronne, Notre Dame de l’Annonciation. Je partage également votre joie et votre action de grâces. Je demande au Dieu de la miséricorde de vous accorder de son pouvoir pour accomplir les tâches de votre mandat épiscopal au service de votre patriarcat et de l’Église universelle, en particulier pendant cette période incertaine imposée par l’épidémie, demandant l’intercession et la protection de la Vierge Marie. Du fond du cœur et avec une grande affection, je vous accorde la bénédiction apostolique que je donne avec grande dévotion. » Après la Messe nous nous sommes retrouvés à déjeuner à la table de Sa Béatitude. Vers la fin du déjeuner, à 14h25, Sa Béatitude s’excuse pour quelques instants et se retire. Lorsqu’il est revenu, nous avons su qu’il a eu un appel téléphonique du Président de la République Michel Aoun pour le féliciter ; une occasion pour Sa Béatitude de lui rappeler sa responsabilité de faciliter la formation du gouvernement. Vers 18h00, M. Saad Hariri est à Bkerké invité par le Patriarche Raï à dîner, comme il a déclaré lui-même. Ils ont discuté, avant et après le dîner, de la formation du gouvernement et de la responsabilité qui incombe à chacun. Sa Béatitude cherche toujours à rapprocher les points de vue entre M. Hariri et le président Aoun. A signaler que mardi 23 mars, Sa Béatitude avait pris contact avec le secrétaire général des Nations unies M. Antonio Guterres. Lors de cet appel, M. Guterres a exprimé « sa grande préoccupation » et rappelé « l’importance de la formation rapide d’un gouvernement et de ne pas entraîner le pays dans des conflits ». De son côté, le patriarche a dénoncé « l’incapacité des dirigeants de se retrouver ensemble pour se mettre d’accord sur un projet de sauvetage, alors que la faim et la pauvreté se répandent et que la monnaie nationale s’écroule et pousse le pays vers un effondrement total ». « Les Libanais, a ajouté Sa Béatitude, attendent que l’ONU joue un rôle de premier plan face à cette accumulation de crises ; ce qui nous a poussé à demander la neutralité et l’organisation d’une conférence internationale sur le Liban ».

18h30 : Les trois Équipes Notre-Dame de la paroisse de Batroun, que j’avais fondées en 1992, se retrouvent chez moi à l’Evêché à Kfarhay pour une halte spirituelle. Après une prière et un tour de méditations spontanées sur notre rôle et notre mission en tant que familles END face aux crises cumulées du Liban et de la pandémie du Corona. J’ai présidé ensuite l’Eucharistie, préparée par les couples, avec les Pères Pierre Saab et François Harb, leurs conseillers.
Après la Messe, nous nous sommes réunis autour d’un dîner familial à l’évêché. C’était une rencontre dans la joie des retrouvailles après une absence dictée par la situation critique dans le pays et la pandémie du Corona.

Vendredi 26 mars 2021 L'état de mobilisation générale prolongé jusqu'à fin septembre ! Le comité interministériel chargé de lutter contre la pandémie de coronavirus a décidé, sur base de recommandations du Conseil supérieur de défense réuni avant-midi à Baabda présidé par le président de la République, de prolonger l’état de mobilisation générale pour six mois, jusqu’au 30 septembre, et d'appliquer un « confinement total » du Liban pendant trois jours à l'occasion de la fête de Pâques chez les Églises catholiques, du 3 au 6 avril « afin d'éviter les rassemblements familiaux dans les maisons ». Des mesures similaires seraient prises pour les célébrations de Pâques par les Églises orthodoxes qui fêteront Pâques le dimanche 2 mai et de la fête du Fitr pour les communautés musulmanes célébrée un mois plus tard au terme du mois de ramadan qui commencera, cette année, vers le 13 avril 2021.

16h00 : J’avais pris Rendez-vous à Bkerké avec Sa Béatitude le Patriarche Raï pour la journaliste Raghida Dargham, Correspondante et chef de bureau à New York depuis 40 ans, d’abord pour le journal An Nahar international, puis la revue Al Hawadeth, et les dernières 28 années du journal Al Hayat international et la chaîne de télévision LBCI.
Madame Dargham est originaire de Rachaya, dans la Békaa Ouest. Elle est revenue dernièrement au Liban pour s’y installer dans un appartement d’un nouveau building face au port de Beyrouth. Mais comme elle voulait un chalet sur la mer dans une région calme, on lui avait conseillé de venir à Batroun, terre de sainteté et de tranquillité. Elle avait deux souhaits : le premier était celui de venir remercier Saint Maroun et se faire bénir par lui, « car c’est mon patron, dit-elle, moi qui est druze ». Elle est venue à Kfarhay, à l’évêché, siège du premier patriarche et fondateur de l’Église maronite Saint Jean-Maroun, où nous conservons la relique de Saint Maroun. C’est là où je l’ai guidée pour sa première visite. Elle m’a raconté que le 4 août elle a eu une inspiration de Saint Maroun pour se rendre dans son chalet à Batroun s’occuper à préparer le chalet qu’elle a loué pour sa fille qui devait arriver de Londres le 8 août. La double explosion survenue ce jour-là au port de Beyrouth a soufflé complètement son appartement et tout l’immeuble de Beyrouth. Je l’ai bénie sur sa demande, et je l’ai invitée à déjeuner à l’évêché, la maison de tous les Libanais. Le deuxième souhait était celui de rencontrer Sa Béatitude le Patriarche Raï. Je lui ai pris tout de suite un rendez-vous. Sa Béatitude nous a accueillis, Madame Dargham et moi-même, à cœur ouvert au grand salon du patriarcat. Elle s’est présentée au patriarche en lui racontant son cheminement et sa longue expérience au service du Liban. Elle a ajouté qu’elle est venue, non en sa qualité officielle de journaliste pour une interview, mais en tant que libanaise qui apprécie les démarches du patriarche pour sauver le Liban dans cette période très critique de son histoire alors que les hommes politiques ne réussissent pas à s’entendre ni à entendre la voix du patriarche. « Je voudrais vous écouter Béatitude, a-t-elle dit, au sujet de votre projet de neutralité positive et active du Liban et de votre appel à l’organisation d’une conférence internationale sur le Liban sous l’égide des Nations-Unies ». Elle a écouté attentivement les explications de Sa Béatitude, puis elle a échangé avec lui des points de vue qu’elle avait notés à partir de sa longue expérience de plus de quarante ans aux Nations Unies à New York et à Washington, soulignant surtout la nécessité de mettre sur pied une feuille de route avec des propositions concrètes et de nommer des délégués pour suivre de très près les démarches à prendre. C’est ainsi qu’il faudra procéder afin d’obtenir ce que nous voulons auprès des capitales de décision, à commencer par le Vatican, puis par Paris, pour finir à Washington. Sa Béatitude lui a demandé de lui présenter au plus tôt un document soulignant ces points importants qu’elle a énoncés. Le rendez-vous, qui était prévu pour une vingtaine de minutes, s’est prolongé sur trois quarts d’heure, et nous avons quitté Sa Béatitude à contre cœur. A la sortie, les membres du bureau de presse du Patriarcat ont voulu s’arrêter avec Madame Dargham pour écouter ses points de vue sur la situation du Liban et son impression après la rencontre avec le Patriarche Raï. Ils lui ont fait visiter ensuite la chapelle de Saint Maroun et le musée.

Dimanche 28 mars 2021, Dimanche des Rameaux
Voici ma méditation pour ce jour intitulée : « Si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront » (Luc 19, 40). En ce Dimanche des Rameaux, nous t’accueillons dans la joie et la gloire ô Jésus Roi de l’amour et de la paix. Mais notre joie est mêlée de tristesse et nous n’avons plus de voix pour crier Hosanna, Fils de David aie pitié de nous ! Tu écoutes cependant nos cris et les gémissements de nos douleurs et tu vois que nous avons été déçus à plusieurs reprises. Tu nous dis avec notre patriarche Raï : Ne vous taisez pas ! Réclamez vos droits à une vie digne et libre. Réclamez un État juste qui vous protège, vous traite avec équité et applique la loi à tout le monde. Ne vous taisez pas, et continuez à crier jusqu’à ce que les responsables vous écoutent et leurs consciences soient secouées, pour qu’ils reviennent à Dieu repentis et demandent pardon à leur peuple et à Dieu qui les attend pour les traiter avec sa miséricorde infinie et les aide à dédommager leur peuple de ce qu’ils ont pillé et le lui rendent le quadruple, à l’instar de Zachée (Luc 19, 8-10). Ils travailleront alors ensemble à reconstruire l’État de droit dans une société pluraliste, et se retrouveront avec des cœurs purs autour de la personne du Patriarche qui n’a d’intérêt que celui de sauver le Liban, de rassembler ses fils, tous ses fils, responsables et citoyens, et de les voir unis sous le drapeau de l’unique Liban, le Liban-Message. Ô seigneur Jésus, je voudrais imaginer que tu dises, en ce dimanche des Rameaux, aux responsables qui cherchent à nous faire taire avec tous les moyens : « Si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront » (Luc 19, 40). Tu leur diras : Ne voyez-vous pas que votre peuple s’appauvrit et votre Etat s’effondre ? Ne voyez-vous pas que vous êtes devenus rejetés et méprisés de votre peuple et vous êtes devenus « comme des tombes que rien ne signale et sur lesquelles on marche sans le savoir » ? (Luc 11, 44). Dorénavant les enfants de votre peuple ne se tairont plus car le Christ est mort et ressuscité pour les libérer du péché et de la mort. Vous ne pourrez plus les acheter ou acheter leurs voix. La liberté a été et restera pour eux le trésor le plus précieux. Nous n’oublions pas que la vraie gloire devra passer avec Jésus par la croix, les souffrances et la mort avant d’atteindre le salut et la résurrection à une Vie nouvelle. Malgré tout ce que nous endurons, nous voulons ce jour des Rameaux un jour de renouveau de notre foi en Toi, Fils de David, Fils de Dieu. Nous le voulons un renouveau de notre amour pour Toi et entre nous afin que le monde sache que nous sommes tes disciples. Nous le voulons un jour de renouveau de notre engagement à porter la croix avec Toi, Ô Seigneur Jésus, qui a voulu mourir par amour pour nous, et à accomplir la mission que Tu as confiée à Ton Église au Liban afin qu’elle soit l’artisan de paix, de justice et d’amour au service de l’Homme. Amen.

  • Père Mounir Khairallah Evêque de Batroun

Publié le 26/03/2021

Monseigneur Mounir aux Amis...21 mars 2021

Lettre aux Amis du 21 Mars 2021

Lundi 15 mars 2021 Le nouvel évêque nommé d’Antélias, Mgr Antoine Bou Najem, est venu se recueillir à Kfarhay avec un groupe de prêtres des Focolari, dont P. Charbel Khachan notre économe diocésain. Dès l’annonce, le 3 mars du mois courant, de l’assentiment donné par Sa sainteté le Pape François à son élection qui avait eu lieu lors du synode d’octobre dernier, Mgr Antoine m’avait contacté exprimant le désir de venir à Kfarhay pour une halte de prière auprès de Saint Maroun et Saint Jean-Maroun.
Mgr Bou Najem était mon étudiant au Grand séminaire de Ghazir. Il se rappelle de sa première année, propédeutique, dont j’étais le responsable, l’accompagnateur et l’initiateur en 1986-1987 en témoignant que j’étais celui qui leur a donné le goût de la maronité et de la spiritualité maronite érémitique ainsi que le sens de la synodalité dans l’Eglise. Nous commencions alors avec le Père Youakim Moubarac la démarche synodale pour la préparation du nouveau Synode Libanais ou le Synode Patriarcal Maronite (2003 - 2006).
Nous avons prié et médité ensemble, puis nous avons déjeuné à l’évêché.

Je signale, en fin de journée, que la monnaie nationale, la livre libanaise, poursuit sa chute. Le dollar américain est échangé à 13.000 L.L. ! Les réactions dans la rue ne se sont pas fait attendre. Les manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre l’inertie des responsables. Mais toujours sans résultats.

Mardi 16 mars 2021 Le dollar américain passe aujourd’hui la barre des 15.000 L.L. Du jamais vu ! Signe de la faillite de l’État libanais. La colère des Libanais explose à travers tout le pays ; les manifestations se poursuivent ; et l’inertie politique est toujours de mise.

Mercredi 17 mars 2021 20h00 : Le président de la République, le général Michel Aoun adresse un court message aux Libanais en quatre minutes au cours duquel il invite le Premier ministre désigné, M. Saad Hariri, à choisir entre deux options : « se rendre au palais de Baabda afin de former immédiatement un gouvernement en accord avec le président de la République, tel que c’est prévu dans la Constitution, ou céder la place à une autre personne capable de mener à bien cette mission ». « Les souffrances des citoyens, a-t-il dit, ont atteint un niveau qu'aucun peuple ne peut supporter. À l'épidémie qui persévère et perdure, se sont ajoutés la pauvreté, la misère, le chômage, l'émigration, la perte du pouvoir d'achat en raison de la hausse insensée du dollar américain par rapport à la livre libanaise, les pénuries de produits essentiels ». « Une situation insoutenable, alors que nous ne sommes pas encore remis de la tragédie de l’explosion du port de Beyrouth et de ses répercussions catastrophiques ».
M. Hariri n’a pas tardé à réagir en affirmant qu'il se « rendrait, pour la dix-septième fois à Baabda, sur-le-champ si l'agenda du président le permet, pour discuter de la mouture remise au président depuis des semaines, afin de pouvoir former immédiatement le cabinet ». « Et pour mettre un terme aux souffrances des Libanais, il faudra prévoir une élection présidentielle anticipée, ce qui constituera le seul moyen constitutionnel possible pour annuler les effets de son élection il y a cinq ans à la présidence par le Parlement qui l'a nommé Premier ministre désigné il y a cinq mois ».

Au lendemain d'une nouvelle dévaluation record de la livre libanaise, les prix de l'essence, revus chaque mercredi, ont enregistré une flambée ce matin, une énième mauvaise nouvelle pour une population déjà éprouvée par une grave crise socio-économique. Le prix du bidon d’essence (20 litres) 95 et 98 octane passe respectivement à 38.900 LL et 40.000 LL, soit une hausse de plus de 4.000 livres en une semaine ! Les manifestations se poursuivent dans tout le Liban et des routes sont coupées par des pneus brûlés.

Judi 18 mars 2021 16h00 : Je suis à Bkerké pour un rendez-vous avec Sa Béatitude le Patriarche Raï.
En m’accueillant à la porte, il m’a dit : « Merci pour tes Lettres aux Amis que je reçois toutes les semaines. Merci pour l’analyse pertinente des événements et les conclusions tirées, dont je m’en sers, et merci surtout pour les relations des activités écrites avec une sensibilité pastorale et un langage simple qui va droit au cœur ». Dans son petit bureau, nous avons discuté des sujets suivants : 1- Les Libanais à l’étranger activent leurs lobbys, notamment au Canada et aux États-Unis. Certains m’ont chargé de transmettre à Sa Béatitude leur soutien total et inconditionnel à ses positions concernant la neutralité du Liban et la tenue d’une Conférence internationale sous l’égide des Nations Unies pour sauver le Liban et appliquer les résolutions prises en sa faveur. 2- Le jumelage entre le diocèse de Pontoise et le Vicariat patriarcal de Sarba. En effet, Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise que je connais depuis longtemps, m’avait demandé d’instituer un jumelage avec un diocèse du Liban à l’instar de notre jumelage Batroun-Saint-Étienne. j’ai proposé à Sa Béatitude le vicariat de Sarba, du diocèse patriarcal, qui serait le plus proche de Pontoise. Sa Béatitude a encouragé l’idée d’autant plus que S. Exc. Mgr Paul Rouhana est déjà enthousiaste et connaît bien le diocèse de Pontoise ayant étudié à Paris et servi comme vicaire à Suresnes.
3- Le possible voyage de sa sainteté le pape François au Liban. Faut-il commencer à préparer le terrain ?
4- Enfin j’ai remis à sa Béatitude un projet de restauration des fondations du monastère Saint Jean-Maroun de Kfarhay, siège du Premier patriarche Saint Jean-Maroun (fin VII° siècle) et siège actuel du diocèse de Batroun. Or, suite aux effets d’usure du temps ainsi que les dommages dus aux infiltrations des eaux pluviales et à l’humidité, les murs et la pierre commencent à s’effriter.

17h30 : M. Saad Hariri s'est rendu au palais de Baabda et s'est entretenu avec le président Aoun pour la 17e fois depuis sa nomination le 22 octobre 2020. A sa sortie, il a déclaré : « J'ai évoqué avec le président ma vision pour la formation d'un gouvernement composé de 18 ministres experts-technocrates et j'ai écouté les remarques du chef de l'État. Nous nous sommes entendus sur une nouvelle réunion lundi afin de répondre à des questions essentielles pour arriver à la formation d'un cabinet le plus tôt possible ». « Le but essentiel du gouvernement est de mettre un terme à l'effondrement. Il faut regagner la confiance de la communauté internationale. La situation économique ne justifie pas la dépréciation actuelle de la livre libanaise. C'est plutôt l'absence d'horizon qui a mené à cela. Ce nouveau gouvernement aura donc pour but de mettre un terme à tout cela et arrêter l'effondrement ». « Les Libanais ont été hier témoins d'échanges acerbes entre le président et moi-même et je suis venu aujourd'hui pour réduire cette tension et calmer le jeu. Je resterai franc avec vous : il y a une opportunité qu'il faut saisir et il y a une possibilité que nos discussions aboutissent lundi ».

Vendredi 19 mars 2021 Fête de Saint Joseph, et lancement de l’année de la Famille - Amoris Laetitia promulguée par sa Sainteté le pape François. A cette occasion, j’avais envoyé, en tant que président de la Commission Épiscopale de la Famille et la Vie au Liban, une lettre aux membres de l’Assemblée des Patriarches et Evêques catholiques au Liban, aux Supérieurs généraux et Supérieures générales des Congrégations religieuses, aux présidents et membres des commissions diocésaines de la famille et aux présidents et membres des mouvements d’Eglise s’occupant de la famille, pour les inviter à célébrer cette année de la famille. « Nous devrions atteindre ensemble les objectifs suivants, ai-je précisé dans ma lettre : 1- Diffuser le contenu de l’exhortation apostolique « Amoris laetitia » pour « faire vivre aux gens l’expérience que l’Evangile de la famille est une joie qui remplit le cœur et toute la vie » (AL 200). 2- Annoncer que le sacrement du mariage est un don et qu’il a en lui-même un pouvoir transformateur de l’amour humain (AL 203). 3- Faire des familles les protagonistes de la pastorale familiale (AL 200). 4- Sensibiliser les jeunes à l’importance de se former à la vérité de l’amour et au don de soi avec des initiatives qui leur sont dédiées. 5- Élargir le regard et l’action de la pastorale familiale pour qu’elle devienne transversale à la famille, pour inclure les époux, les enfants, les jeunes, les personnes âgées et les situations de fragilité familiale ».
« L’année de la Famille, qui sera une année de réflexion sur l’exhortation apostolique ‘Amoris laetitia’, s’ouvrira le 19 mars, fête de Saint joseph, et se prolongera jusqu’au 26 juin 2022, date de la X° Rencontre Mondiale des Familles à Rome ». « Sa Sainteté le pape François a confié à la Sainte famille de Nazareth, en particulier à Saint Joseph, époux et père plein de sollicitude, ce cheminement avec des familles du monde entier, et a prié pour que la Vierge Marie obtienne aux familles du monde entier d’être de plus en plus fascinées par l’idéal évangélique de la Sainte famille, afin de devenir le ferment d’une nouvelle humanité et d’une solidarité concrète et universelle ».

17h00 : Je suis à Batroun pour célébrer la fête de Saint Joseph et le cinquième vendredi de Carême. A peine entré, j’ai été accueilli par un « Waw » retenti dans la cathédrale (Saint Étienne) et j’ai lu sur les visages des fidèles présents une lueur de joie !

J’ai présidé la Messe de Saint Joseph qui a été pour moi une Messe d’action de grâces au Seigneur, Dieu de Miséricorde et de Bonté à l’intention de tous ceux qui m’ont porté dans leurs cœurs et dans leurs prières. Après le salut de paix de Notre Seigneur Jésus Christ, j’ai salué tout le monde en leur disant que mon cœur était plein de joie en voyant la cathédrale presque pleine à l’instar les beaux jours d’antan. Puis je les ai remerciés et j’ai souhaité que tout le monde passe par l’expérience que j’ai vécue, non pas celle du Coronavirus, mais celle de la rencontre renouvelée avec Dieu ; car j’ai été moi-même totalement transformé par cette rencontre et ma vie a dorénavant un autre sens, un autre goût et un autre objectif : celui d’accomplir la volonté de Dieu dans ma vie, tout comme Saint Joseph, dans le silence et le dévouement, et se confier à la Providence, comme le Vénérable Patriarche Elias Hoyek !

Un chiffre inquiétant ! Au cours d’une conférence de presse, le président de l’Ordre des médecins, Dr Charaf Abou Charaf, tire la sonnette d’alarme : Plus de mille médecins prennent le chemin de l’émigration ! « Plus de mille médecins, pour la plupart des spécialistes de grande compétence, ont déjà émigré, a-t-il déploré. La proportion de ceux qui partent atteint les 20 à 30 %, dans une tranche d’âge allant de 35 à 55 ans, en d’autres termes ceux qui sont le nerf de la profession et la génération sur laquelle dépendent les établissements hospitaliers, autant pour les soins que pour l’enseignement. Leur absence créera un vide qui aura un impact négatif significatif sur le secteur hospitalier libanais, autrefois pionnier ». En effet, le Liban était renommé « l’hôpital du monde arabe » ! Je signale que c’est un phénomène qui dépasse le corps médical pour atteindre tous les secteurs de la vie active et la fuite des cerveaux s’accélère malheureusement !

Dimanche 21 mars 2021 10h00 : J’ai célébré, à Tannourine dans la haute montagne, la Messe du Dimanche de la guérison de l’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52) et de la fête des Mères au Liban. Je vous livre ma méditation de ce jour : «Seigneur Jésus ! Nous sommes devenus, nous Libanais, aveugles comme Bartimée, mis à l’écart et opprimés d’abord par une classe politique aveuglée par le pouvoir et l’argent qui nous empêche de crier : Fils de David aie pitié de nous ! Qui essaye même de nous faire taire et de nous empêcher d’exprimer nos douleurs et nos oppressions. Mis à l’écart ensuite, abandonnés et méprisés par la société internationale, nous souffrons d’un État raté qui nous a ôtés nos droits de citoyenneté à une vie digne et libre, et nous a transformés en mendiants de nos droits. Aucun des responsables ne veut écouter nos doléances. Aveugles dans cette obscurité, Ô Seigneur Jésus, nous voulons retrouver également la vue ! Nous voulons percevoir ta lumière et ton salut ! Nous voulons voir les personnes de bonne volonté, oui, elles sont nombreuses, celles qui veulent récupérer leurs droits et construire un État digne d’eux et de leurs enfants ; un État de droit qui traite à pied d’égalité les citoyens ; un État de liberté, de démocratie, de dignité, de justice et de fraternité humaine ; l’État du Liban-message ! Nous attendons que tu nous dises : Allez, votre foi vous a sauvés. Nous te suivrons alors sur ton chemin vers Jérusalem, la ville de la paix, où tu entreras roi dans la gloire ; où tu seras ensuite jugé, tu souffriras la crucifixion et la mort, et tu en sortiras vainqueur par la résurrection. Et alors la Vie vaincra sur la mort, l’Amour sur la haine, la Justice sur l’oppression et la Paix sur la guerre. Seigneur Jésus ! Nous sommes aveugles, mais nous n’oublions pas la mère, toute mère, que le Liban fête au premier jour du printemps. Toute mère qui est passée de cette vie à la Vie éternelle dans le Royaume de Dieu le Père, où elle jouira de l’Amour divin. Toute mère toujours en vie qui se dévoue et aime sans limite. Toute mère qui souffre de maladie, d’oppression, de blessure psychique ou d’offense. Toute mère qui pleure la perte d’un mari ou d’un enfant, ou qui se plaint de leur émigration vers des pays lointains abandonnant dans ses bras tout ce qui leur reste de plus précieux dans la vie. Seigneur Jésus ! Tu entends sûrement nos cris, nos lamentations, nos gémissements et les soupirs de nos mamans. Appelle-nous et nous nous levons d’un bond vers toi armés de notre foi, de notre espérance et de notre charité, par l’intercession de ta Mère et notre Mère la Vierge Marie, et nous te suivrons, portant notre croix, vers la gloire de la résurrection à une Vie nouvelle.

  • Père Mounir Khairallah Evêque de Batroun

Publié le 27/02/2021

Monseigneur Mounir Khairallah nous souhaite un bon carême...

Lettre aux Amis du 21 février 2021 Lettre spéciale écrite sous la pression du Coronavirus qui est venu me visiter !


Lundi 15 février 2021 Lundi des Cendres selon notre liturgie L’on nous demande pourquoi Lundi et non mercredi des Cendres ? Selon nos liturgies d’Orient, nous sommes entrés en Carême dimanche, qui est pour nous le Dimanche des Noces de Cana. Et c’est le Dimanche qui commande la semaine qui suit ; il porte un titre ou un Leitmotiv que les jours de la semaine méditent selon les lectures de la Parole de Dieu. Ce 1er dimanche donc nous invite à entrer en Carême dans la joie ; et Marie s tient silencieuse à nos côtés pour nous montrer Son Fils Jésus ; c’est à Lui que nous devons avoir recours, et à nous autres de faire ce qu’il nous dira. Ensuite les jours suivants nous méditons Les paroles de Jésus sur le jeûne : « Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme font les hypocrites ; ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent (…). Quant à toi, montre-toi seulement à ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt. 6, 16-18). Les autres dimanches suivent ainsi : 2ème Dimanche : la purification du lépreux (Mc. 1, 40-45) 3ème Dimanche : la guérison de la femme qui souffraient d’hémorragies (Luc 8, 40-48) 4ème Dimanche : L’Enfant Prodigue ou plutôt le Père miséricordieux (Luc 15, 11-32) 5ème Dimanche : la guérison du paralytique (Mc. 2,1-12) 6ème Dimanche : la guérison de l’aveugle Bartimée (Mc. 10, 46-52) 7ème Dimanche : Dimanche des Rameaux (Jean 12, 12-22), qui commande les jours de la Semaine Sainte, la montée vers Jérusalem, la crucifixion, la mort pour nous amener au Dimanche de la Résurrection.
Durant ce Carême, nous marchons avec Jésus qui nous révèle l’Amour infini du Père qui « a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique » (Jean 3, 16).


Le Carême c’est aussi un examen de conscience ! C’est pourquoi j’ai cru bon effectuer un survol rapide de notre histoire maronite et libanaise pour la relire objectivement et en tirer les conséquences. C’est une longue histoire parsemée d’embûches, de guerres, de révolutions, mais aussi de lueurs d’espérance qui ont permis à nos ancêtres de fonder le Liban autonome avec Fakhreddine II au XVIème siècle et le Grand Liban en 1920 avec le Patriarche Hoyek, Pays-Message de liberté, de convivialité, de respect des diversités et de démocratie.
Toutes les fois que avions employé la logique des armes et des guerres, nous avions tout perdu. Les guerres fratricides que nous avions menées contre nous-mêmes Maronites pour le pouvoir et les intérêts personnels nous les avions payées très cher en destruction et en pertes humaines, économiques et sociales. Et les guerres que les autres ont menées contre nous, à l’intérieur comme à l’extérieur, nous les avions perdues également en les payant très cher. Les conquérants ont occupé, détruit, brûlé, tué et expatrié nos populations, nous ont fait tout perdre à l’exception de notre foi en Dieu et de notre attachement à notre terre. Et ceux qui ont conquis notre terre considérant qu’ils ont gagné, ils ont découvert en fin de compte qu’ils ont perdu eux aussi et sont retournés vers nous pour nous supplier de revenir vivre avec eux et de consolider le vivre ensemble. Et toutes les fois que nous avions employé la logique de l’ouverture, du dialogue, de l’amour et du respect nous étions gagnants. Nous avions réussi alors à relever les défis au Liban et dans le monde arabe grâce à notre avancée culturelle, religieuse, sociale et économique et à faire profiter nos frères chrétiens et musulmans. En cette démarche de Carême, nous avons donc à revenir sincèrement à nous-mêmes, à nous repentir de nos péchés et reprendre les valeurs qui nous caractérisées et que le monde a reconnues et continue de reconnaître.

Jeudi 18 février 2021 Le Liban est ce matin tout vêtu de blanc ! Il a neigé toute la nuit ! Est-ce un signe ? La Corona a voulu me rendre visite ! Après avoir passé l’examen du PCR pour la Covid 19, le résultat s’est révélé positif. Je dois donc me confiner pour 14 jours avant de refaire l’examen. J’ai immédiatement prévenu mes prêtres en leur envoyant le message suivant : « Je viens de découvrir que je suis Corona positif. Je vais me confiner et suivre les consignes du médecin. C’était un peu prévisible du fait que je n’ai jamais voulu me détacher de vous ni de mon peuple durant la pandémie. Vous avez été, et vous l’êtes toujours, les Bons Samaritains auprès de vos paroissiens, notamment auprès des malades. C’est pourquoi j’ai voulu vous porter encore plus dans mes prières en demandant à Dieu de vous protéger avec vos familles et vos paroissiens, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Liban et de nos saints. Je vous souhaite une bonne marche de Carême dans la montée vers Jérusalem, durant laquelle nous porterons la croix avec Jésus qui nous montre l’Amour infini du Père et nous sauve par son sacrifice sur la croix. Nous avons à mourir avec Lui à la vie du péché pour mériter la résurrection à une vie nouvelle pour notre Église, pour notre peuple et pour notre patrie ».

20
CredoFunders
2 650 €
Sur 10 000 €
Terminée

Ce projet a été terminé le 07/04/2021.


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ENTREPRISE
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IFI
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Communauté de la Laure Abana- Liban 29/03/2021 - 15:10
Merci cher Ami inconnu de nous mais connu de Dieu! Que toutes les grâces du Précieux Sang vous soient accordées...Merci de prier pour nous et ce beau Liban si souffrant. Merciii! Aux pieds du Sauveur vous êtes avec nous!
Communauté de la Laure Abana- Liban 20/03/2021 - 13:42
Seigneur, tu nous donnes la Grâce de vivre en famille. Accepte la lenteur de nos cheminements. Donne-nous la patience d’accepter le cheminement des autres. Rends-nous humble pour permettre aux membres de notre famille de nous aider, et assez ouverts pour les aider eux-mêmes.Donne-nous de nous aimer,ensemble et jusqu’au bout,avec bienveillance et exigence.Dans les difficultés en famille, aide-nous à reconnaître lucidement nos défaillances et nos difficultés et avec ta Grâce à les combattre. Marie, notre mère à tous, nous déposons le ruban de nos vies dans tes mains. Vois les "nœuds" qui étouffent nos vies et nous paralysent, aide-nous à les défaire en famille sous l’action de l’Esprit Saint. Amen
Communauté de la Laure Abana- Liban 10/03/2021 - 16:09
Merci cher Ami Jean Paul Lh. d'être l'Ami certain de nos heures incertaines! Nous t'aimons en Dieu...Union de prière.
Communauté de la Laure Abana- Liban 10/03/2021 - 16:07
Dimitri que Dieu vous bénisse et soyez heureux et en paix! Nous prions pour vous et vos aimés. Merci de prier pour nous...Merci d'être là dans la traversée du tunnel!
Communauté de la Laure Abana- Liban 08/03/2021 - 15:38
Cher Juan, muchas gracias! Viva Espagna! Te quiero mucho en Dios...Un bezo de Lebano. Prega a nosotros! Pregamos por ti!